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nier. Le roi fut bien content, quand il sut qu’il avait gagné la bataille, et dit à Fatal qu’il le faisait général de toutes ses armées. Il le présenta ensuite à la reine et à la princesse, sa fille, qui lui donnèrent leurs mains à baiser. Quand Fatal vit la princesse, il resta immobile. Elle était si belle, qu’il en devint amoureux comme un fou, et ce fut alors qu’il fut bien malheureux, car il pensait qu’un homme comme lui n’était pas fait pour épouser une grande princesse. Il résolut donc de cacher soigneusement son amour, et tous les jours il souffrait les plus grands tourmens ; mais ce fut bien pis, quand il apprit que Fortuné, ayant vu un portrait de la princesse qui se nommait Gracieuse en était devenu amoureux, et qu’il envoyait des ambassadeurs pour la demander en mariage. Fatal pensa mourir de chagrin ; mais la princesse Gracieuse qui savait que Fortuné était un prince lâche et méchant, pria si fort le roi son père, de ne la point forcer à l’épouser,