Page:Beaumont - Contes moraux, tome 1, Barba, 1806.djvu/160

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
(156)

même : je suis sûr que cet enfant sera un honnête garçon ; j’ai envie de le prendre pour garder mes moutons. Dieu me bénira à cause de lui. Le paysan attendit que Fatal eût fini sa prière, et lui dit : « mon petit ami, voulez-vous venir garder mes moutons ? Je vous nourrirai, et j’aurai soin de vous. — Je le veux bien, répondit Fatal, et je ferai tout mon possible pour vous bien servir ».

Ce paysan était un gros fermier qui avait beaucoup de valets qui le volaient fort souvent ; sa femme et ses enfans le volaient aussi. Quand ils virent Fatal, ils furent bien contens : c’est un enfant, disaient-ils, il fera tout ce que nous voudrons. Un jour la femme lui dit : « mon ami, mon mari est un avare qui ne me donne jamais d’argent ; laisse-moi prendre un mouton, et tu diras que le loup l’a emporté. — Madame, lui répondit Fatal, je voudrais de tout mon cœur vous rendre un service ; mais j’aimerais mieux mourir que de faire un mensonge et d’être un