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grosse paysanne, qui avait un grand nombre d’enfans qu’elle avait beaucoup de peine à nourrir, dit qu’elle aurait soin de lui, si on voulait lui donner une grosse somme d’argent ; et, comme le roi et la reine n’aimaient pas le prince Fatal, ils donnèrent à la nourrice ce qu’elle demandait, et lui dirent de le porter à son village. Le second prince, qu’on avait nommé Fortuné, venait, au contraire, à merveille. Son papa et sa maman l’aimaient à la folie, et ne pensaient pas seulement à l’aîné. La méchante femme à qui on l’avait donné, ne fut pas plutôt chez elle, qu’elle lui ôta les beaux langes dont il était enveloppé, pour les donner à un de ses fils qui était de l’âge de Fatal ; et, ayant enveloppé le pauvre prince dans une mauvaise jupe, elle le porta dans un bois, où il y avait bien des bêtes sauvages, et le mit dans un trou, avec trois petits lions, pour qu’il fût mangé. Mais la mère de ces lions ne lui fit pas de mal, et, au contraire, elle lui donna à teter,