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nez fait une ombre qui m’empêche de voir ce qui est sur mon assiette. Ah ça, parlons de votre père ; j’allais à la cour dans le temps qu’il était un petit garçon ; mais il y a quarante ans que je suis retirée dans cette solitude. Dites-moi comment l’on vit à la cour à présent ; les dames aiment-elles toujours à courir ? De mon tems on les voyait le même jour à l’assemblée, aux spectacles, aux promenades, au bal… Que votre nez est long ! Je ne puis m’accoutumer à le voir. En vérité, madame, lui répondit Désir, cessez de parler de mon nez, il est comme il est : que vous importe ? j’en suis content, je ne voudrais pas qu’il fût plus court ; chacun l’a comme il peut. Oh ! je vois bien que cela vous fâche, mon pauvre Désir, dit la fée, ce n’est pourtant pas mon intention : au contraire je suis de vos amies, et je veux vous rendre service ! Mais malgré cela, je ne puis m’empêcher d’être choquée de votre nez ; je ferai pourtant ensorte de ne vous en plus parler ; je m’efforcerai