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elle fut long-tems sans pouvoir les faire tenir, parce que son nez était trop court. Le prince et la fée (car c’en était une) firent chacun un éclat de rire en se regardant, et s’écrièrent tous deux en même tems : Ah ! quel drôle de nez. Pas si drôle que le vôtre, dit Désir à la fée, mais madame, laissons nos nez pour ce qu’ils sont, et soyez assez bonne pour me donner quelque chose à manger ; car je meurs de faim, aussi bien que mon pauvre cheval. De tout mon cœur, lui dit la fée. Quoique votre nez soit ridicule, vous n’en êtes pas moins le fils du meilleur de mes amis. J’aimais le roi votre père, comme mon frère ; il avait le nez fort bien fait, ce prince. Et que manque-t-il au mien ? dit Désir. Oh ! il n’y manque rien, reprit la fée, au contraire il n’y a que trop d’étoffe ; mais, n’importe, on peut être fort honnête homme, et avoir le nez trop long. Je vous disais donc que j’étais l’amie de votre père ; il me venait voir souvent dans ce tems-là ; et, à propos de