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ler rendre visite à une fermière ; mais, se voyant accablée de mélancolie, elle résolut d’aller passer quelques jours à la campagne, pour se désennuyer. Elle en demanda la permission au roi, qui la lui accorda de bon cœur, parce qu’il pensait qu’il serait débarrassé d’elle pendant quelque tems. Elle arriva sur le soir à la ferme de Vermeille, et elle vit de loin, devant la porte, une troupe de bergers et de bergères, qui dansaient et se divertissaient de tout leur cœur. Hélas ! dit la reine, en soupirant, où est le temps que je me divertissais comme ces pauvres gens ? Personne n’y trouvait à redire. D’abord qu’elle parut, sa sœur accourut pour l’embrasser. Elle avait un air si content, elle était si fort engraissée, que la reine ne put s’empêcher de pleurer en la regardant. Vermeille avait épousé un jeune paysan, qui n’avait pas de fortune ; mais il se souvenait toujours que sa femme lui avait donné tout ce qu’il avait, et il cherchait, par ses manières complaisantes, à lui en