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à la campagne, et je veux y rester. La reine Blanche partit donc, et elle était si contente, qu’elle passa plusieurs nuits sans dormir de joie. Les premiers mois, elle fut si occupée de ses beaux habits, des bals, des comédies, qu’elle ne pensait à autre chose. Mais bientôt elle s’accoutuma à tout cela, et rien ne la divertissait plus ; au contraire, elle eut de grands chagrins. Toutes les dames de la cour lui rendaient de grands respects, quand elles étaient devant elle ; mais elle savait qu’elles ne l’aimaient pas, et qu’elles disaient : Voyez cette petite paysanne, comme elle fait la grande dame ; le roi a le cœur bien bas, d’avoir pris telle femme. Ce discours fit faire des réflexions au roi. Il pensa qu’il avait eu tort d’épouser Blanche ; et comme son amour pour elle était passé, il eut un grand nombre de maîtresses. Quand on vit que le roi n’aimait plus sa femme, on commença à ne plus lui rendre aucun devoir. Elle était très-malheureuse, car elle n’avait pas une seule bonne amie