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donner des leçons de musique aux filles de Louis XV. De là l’origine de sa fortune, successivement augmentée par les dots de ses deux premières femmes. Cette fortune fut compromise par la perte d’un procès, mais cette circonstance fut pour lui la source d’événements qui rétablirent ses affaires et contribuèrent à lui donner la célébrité. Tandis qu’il suivait le procès en question, il eut une affaire d’honneur avec un duc (le duc de Chaulnes) pour cause de galanterie. La contestation fut portée devant le tribunal des maréchaux de France ; le duc fut envoyé par une lettre de cachet dans un château-fort et Beaumarchais au For-l’Evêque. Pour accélérer le jugement de son procès, il accepta, après sa détention, la proposition qui lui fut faite de donner quinze louis à la femme d’un conseiller au Parlement pour obtenir une audience de son mari ; les quinze louis donnés, et qui furent sans effet, devinrent l’origine d’un autre procès dans lequel il fit ces Mémoires célèbres qui ont tant contribué à établir sa réputation, et que nous donnons complets, après les avoir collationnés sur les éditions du temps, contrairement à ce qu’ont fait certains éditeurs peu scrupuleux.

Ces mémoires excitèrent l’admiration universelle ; Voltaire en parlait avec enthousiasme, l’abbé Sabatier, qui, certes, ne prodiguait pas les éloges, ne trouve rien de plus original ni de mieux écrit que les mémoires de Beaumarchais contre Goëzman ; la raison s’y trouve assaisonnée du sel de la meilleure plaisanterie, le quatrième surtout annonce un écrivain qui connaît les sources de la persuasion, et qui sait profiter de la dextérité de son esprit pour tourner contre eux-mêmes les armes de ses adversaires. N’eût-il fait que ce mémoire, l’auteur mériterait de figurer dans