Véritable ? Eh bien, ma sœur ?
Il vous ment.
Je ne mens pas, monsieur.
Tu ne mens pas, misérable ?
Allons, tout est découvert ; quelque autre lettre sera venue.
Raconte-moi le fait : je veux l’entendre mot à mot de ta bouche.
Monsieur… puisque vous le savez aussi bien que moi…
Traître !
Mon frère !
Qu’il laisse son verbiage, et qu’il avoue.
Puisqu’il n’y a plus moyen de dissimuler… Voici une lettre de M. Williams, l’intendant de milord.
Pour qui ?
Elle est adressée à madame.
À moi ? D’où me vient cette préférence ? Et quel rapport cet intendant…
Comment, quel rapport ? C’est le même qui a fait le mariage…
D’honneur, si j’y entends quelque chose. Elle est décachetée.
Mais apprends-moi comment il peut penser à se marier, étant l’époux de ma fille ?
Quoi, monsieur ! c’est du nouveau mariage que vous parlez ?
Et duquel donc ?
Ah ! le scélérat !
Qu’est-ce que c’est ?
Me voilà perdu, je n’ai plus qu’à quitter l’Angleterre.
Scène VIII
Il nous a trompés indignement ! Ma nièce n’est pas sa femme.
Dieu tout-puissant !
Son intendant a servi de ministre, et toute la race infernale, de complices.
Rage ! fureur ! ô femmes, qu’avez-vous fait ?
Mon frère, par pitié, suspendez vos reproches. Ne voyez-vous pas l’état où elle est ?
Non, ne l’arrêtez pas. Je n’ai plus rien à craindre que de vivre… Mon père, j’implore votre colère…
Et tu l’as méritée… Sexe perfide ! femmes, à jamais le trouble et le déshonneur des familles ! Noyez-vous maintenant dans des larmes inutiles… Avez-vous cru vous soustraire à mon obéissance ? Avez-vous cru violer impunément le plus saint des devoirs ? Tu l’as osé ; toutes les démarches se sont trouvées fausses ; tu as été séduite, trompée, déshonorée ; et le ciel t’en punit par l’abandon de ton père et sa malédiction.
Ah ! mon père, ayez pitié de mon désespoir ; révoquez l’épouvantable arrêt que vous venez de prononcer !
Ôtez-vous de mes yeux : vous m’avez rendu le plus misérable des hommes.
Scène IX
Ah ! madame, m’abandonnerez-vous aussi ?
Non, mon enfant ; écoutez-moi.
Ah ! ma tante, venez, secondez-moi : courons nous jeter aux pieds de mon père, implorons ses bontés, et sortons tous d’une odieuse maison…
Ce n’est pas mon avis : il faut y rester, au contraire, et écrire au comte que vous l’attendez ici ce soir.