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LETTRES

LETTRE DU SIEUR CARON FILS

À L’AUTEUR DU « MERCURE » 1.

Quoique je persévère, Monsieur, à garder pour l’Académie seule les preuves qui, comme je l’espère, me feront adjuger l’invention de l’échappement que le sieur Le Paute me conteste, ne me sera-t-il pas permis de faire remarquer l’avantage qu’il me donne sur lui, en avançant des faits contraires à ce qu’il a précédemment écrit ?

En lisant sa lettre insérée dans le second volume de votre journal de décembre dernier, on y verra qu’après s’être félicité lui-même de ce qu’il a si bien établi sa prétendue propriété sur la découverte en question, il conclut qu’il est le seul inventeur de l’échappement, indépendamment de ma confidence du 23 juillet dernier, qui, dit-il, est absolument fausse, et n’existe que dans mon imagination.

Il est triste pour le sieur Le Paute qu’un fait nié aussi hardiment puisse être démenti par une lettre signée de sa main, qu’il a écrite à mon père le 18 septembre dernier, qu’il a répandue dans le public, et dont il a donné une copie à messieurs nos commissaires.

Il est vrai, dit-il dans celle lettre, que vous me fites part, du 20 au 30 juillet, d’un nouvel échappement [qui approchait [<>rt du mien), mais je ne fus pas la diiji’<l< votre confidence intéressée. Il e-l donc constaté de sa propre main que je lui ai lait confidence, du 20 au 30 juillet, de ma nouvelle découverte.

Il est encore constaté par une gravure d’échappement que le sieur Le Paute vient de répandre dansle public, qu’il ne s’annonce que pour l’avoir mis " son ><iiiit il* p< i f, ction, et qu’il ne s’en dit plus {’inventeur, comme il a fait dans votre journal. Je me charge de démontrer, après le jugement de l’Académie, qu’il esl absolument faux que cet échappement suit celui qui était dans la pendule qu’il dit a

ir présentée a Sa Majesté le 23 mai 1 :  : • :’.. et qu’elle n’en avait point d’autre que mou pri mier échappement que je lui avais communiqué en janvier 1753, lorsqu’il m’accompagna à l’Observatoire pour eu demander date à l’Académie. I. Cette lettre, restée inconnue à M, de Loménic, n,. été publiée • i c <"Iiihm-.Ii, Mercure de lëvriei IÏ51 p. 214 no nu ni de la disons lu jeune Caron, alors tout à l’horlogi rie avi li i-él Le Pi ■ qui lui contestait, pour se l’approprier, I inveni i. i eh ippi ment. Ed. F.

Voilà donc des contradictions qui font voir que le manque de mémoire, peu important lorsqu’on ne veut dire que la vérité, devient très-dangi reux quand on a dessein de la voiler.

Je demande encore une fois au public judicieux la grâce de suspendre sonjugemenl jusqu’à ce que l’Académie ait prononce sur notre différend. J’ai l’honneur d’être, etc.

Caron fils.

A Taris, le 22 janvier 1754.

LETTRE DU SIEUR CARON FILS

HORLOGER DU ROI

A L’AUTEUR IUT ci MERCURE » ’.

Monsieur, je suis un jeune artiste qui n’ai l’honneur d’être connu du public que par I invention d’un nouvel échappement à repos pour les montres, que l’Académie a honoré de son approbation, et dont les journaux ont fait mention l’année passée. Ce succès me lixe à l’état d’horloger, et je borne toute mon ambition à acquérir la science de mon ni je n ai jamais port ; un œil d’envi : sur les productions de nies confrères (celle lettre le prouve), mais j’ai le malheur de souffrir forl impatiemment qu’on veuille m’enleverle peu de terrain que l’étude et le travail m’ont l’ail défricher : c’esl cette chaleur de sang donl je crains bien que l’âge ne me corrige pas. qui m’a l’ail déTendreavec la ni d’ardeur le— justes prétentions que j’avaissur l’invention de mon échappement, lorsqu’elle liii contestée il a environ dix-huit mois. L’Académie des sciences non-seulement me déclara auteur de cet échappement, mais elle jugea qu’il étail dans son elat actuel le plus parfait qu’on eût encore adapté aux montres ; cependant elle savait, et je voyais bien qu’il étail susceptible de quelques perfections, mais la nécessité de constater promptement mon titre, à laquelle mon adversaire nie , M. de Lomênie ni’cite qu’une partie de cette lettre publiée dansle Mercure de juillet 1755, p. t’7-183. — C’est la pièce la plus intéressante an procès ru revend tion d’invention soutenu par ie jeune Cai îontre Le Paute, On verra c bien il étail dé’â lui-même ardent, prêt au bruit, ne négligeanl rien pour s ttre en vue, mémo les journaux, dont si t lu gens savaient alors qu’un pût su servir. Le jeune horloger Caron esl i ci taincmeul un des preis industriels qui aient tiré parti de leur publicité. Celte eitro est c : use aussi par ce qu’elle i s apprend de la perfection étonnante qu’il avait acquise dans son art. Du. F.