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encouragements pour ces parties ; tout le reste y tient, et mon opinion est que, hors de là, point de salut.

À l’égard des moyens d’y réussir, j’en ai indiqué quelques-uns. Mais ce qu’il y a de certain, Madame, c’est qu’on n’est point dans la dépendance d’une nation lorsqu’on l’étudie, qu’on profite de ses lumières, qu’on apprend à éviter ses fautes, et qu’on se met dans le cas, pour commencer un objet, de partir du point où cette nation a bien eu de la peine à arriver. Les étrangers ont défriché le terrain épineux des manufactures, et si l’Espagne est bien servie par son agent, elle peut en fort peu de temps jouir des mêmes avantages que donnent les fabriques d’un pays, sans avoir eu la peine des essais longs et ruineux. Cette sagesse qu’on acquiert aux dépens des autres est une des plus utiles sciences du gouvernement et, comme vous voyez, celle qui coûte le moins à acquérir.

Voilà, Madame, en partie ce que nous avons dit hier au soir. Les moyens intérieurs, les impositions, mille autres choses s’y trouvaient liées. Je les ai écartées parce que ceci suffit pour rappeler à votre mémoire, toutes les fois que vous le désirerez, l’enchaînement des moyens que nous avons crus propres à tirer l’Espagne de l’état de langueur où chacun la voit. Mais ce mémoire sera d’une bien plus grande utilité pour moi, s’il vous fait quelquefois souvenir du respectueux attachement avec lequel j’ai l’honneur d’être,

Madame,
Votre très-humble et très-obéissant serviteur.