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EUGÉNIE, ACTE I, SCÈNE IV.

ce que le comte fait faire. On ne trouve rien à désirer ici.

eugénie, à part.

Que celui à qui elle appartient.

(Betsy sort.)

Scène II


EUGÉNIE, le BARON, madame MURER, ROBERT.
robert.

Monsieur, une voiture…

le baron, à Robert, en se levant.

Mon chapeau, ma canne…

madame murer.

Robert, il faudra vider ces malles et remettre un peu d’ordre ici.

robert.

On n’a pas encore eu le temps de se reconnaître.

le baron, à Robert.

Où dis-tu que loge le capitaine ?

robert.

Dans Suffolk-Street, tout auprès du bagne.

le baron.

C’est bon.

(Robert sort.)



Scène III


madame MURER, le BARON, EUGÉNIE.
(Le ton de madame Murer, dans toute cette scène, est un peu dédaigneux.)
madame murer.

J’espère que vous n’oublierez pas de vous faire écrire chez le lord comte de Clarendon, quoiqu’il soit à Windsor ; c’est un jeune seigneur fort de mes amis, qui nous prête cette maison pendant notre séjour à Londres, et vous sentez que ce sont de ces devoirs…

le baron, la contrefaisant.

Le lord comte un tel, un grand seigneur, fort mon ami : comme tout cela remplit la bouche d’une femme vaine !

madame murer.

Ne voulez-vous pas y aller, monsieur ?

le baron.

Pardonnez-moi, ma sœur ; voilà trois fois que vous le dites ; j’irai en sortant de chez le capitaine Cowerly.

madame murer.

Comme il vous plaira pour celui-là, je ne m’y intéresse, ni ne veux le voir ici.

le baron.

Comment ! le frère d’un homme qui va épouser ma fille !

madame murer.

Ce n’est pas une affaire faite.

le baron.

C’est comme si elle l’était.

madame murer.

Je n’en crois rien. La belle idée de marier votre fille à ce vieux Cowerly qui n’a pas cinq cents livres sterling de revenu, et qui est encore plus ridicule que son frère le capitaine !

le baron.

Ma sœur, je ne souffrirai jamais qu’on avilisse en ma présence un brave officier, mon ancien ami.

madame murer.

Fort bien ; mais je n’attaque ni sa bravoure, ni son ancienneté : je dis simplement qu’il faut à votre fille un mari qu’elle puisse aimer.

le baron.

De la manière dont les hommes d’aujourd’hui sont faits, c’est assez difficile.

madame murer.

Raison de plus pour le choisir aimable.

le baron.

Honnête.

madame murer.

L’un n’exclut pas l’autre.

le baron.

Ma foi, presque toujours. Enfin j’ai donné ma parole à Cowerly.

madame murer.

Il aura la bonté de vous la rendre.

le baron.

Quelle femme ! Puisqu’il faut vous dire tout, ma sœur, il y a entre nous un dédit de deux mille guinées : croyez-vous qu’on ait aussi la bonté de me le rendre ?

madame murer.

Vous comptiez bien sur mon opposition, quand vous avez fait ce bel arrangement ; il pourra vous coûter quelque chose, mais je ne changerai rien au mien. Je suis veuve et riche, ma nièce est sous ma conduite, elle attend tout de moi ; et depuis la mort de sa mère, le soin de l’établir me regarde seule. Voilà ce que je vous ai dit cent fois ; mais vous n’entendez rien.

le baron, brusquement.

Il est donc assez inutile que je vous écoute : je m’en vais. Adieu, mon Eugénie ; tu m’obéiras, n’est-ce pas ?

(Il la baise au front, et sort.)



Scène IV


madame MURER, EUGÉNIE.
madame murer.

Qu’il m’amène ses Cowerly ! (Après un peu de silence.) À votre tour, ma nièce, je vous examine… Je conçois que la présence de votre père vous gêne, dans l’ignorance qu’il est de votre mariage : mais avec moi que signifie cet air ? J’ai tout fait pour vous : je vous ai mariée… Le plus bel établissement