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LEANDRE, fouillant dans ses poches. Oui, c’est z’une lettre que je me suis t’engagé de remettre ce soir t’à un banquier de Paris, et je l’ai oubliée ce matin z’à Rome sur la cheminée du signor Fourbini, qui m’avait chargé de cette commission.

GILLES. Il l’a oubliée ce matin à Rome, ah ! ah ! ah ! ah ! si cet homme-là n’est pas fou, il m’a l’air de n’être guère à jeun.

LÉANDRE. Donne-moi mes bottes, que j’aille chercher cette lettre tout à l’heure, et reste t’ici z’à m’attendre.

ARLEQUIN. Vous ne tarderez donc pas, seigneur ?

LÉANDRE. Non, je ne ferai que le chemin, z’et c’est l’affaire d’une centaine d’enjambées. [Il $0, 1.) SCÈNE XII ARLEQUIN, GILLES. ARLEQUIN’" «  » ne petite râpe avec un bout tir labac et dit: si c’eût été moi qui eût z’oublié celte lettre, j’aurais t’été un sot, z’un faquin, /.’une bête, z’un élourdi, z’un butor, z’et le resle; mais, comme mon maître z’a l’ail la faute, c’esl z’une peccadille qui ne vaut pas la peine d’en parler. (// râpe en chantant le couplet tuivant :) m f f i r • r^f m mes, nier é ^m fc=JMMf^g ^ ^ (///ail dijjérents lazzi en mettant du tabac dans sa main.) GILLES. Cet homme me parait jovial cl j’ai /.’envie île l’aborder pour lui tirer z’un brin les vers du nez. ARLEQUIN lui présentant du labac. Monsieur en prend-il ? GILLES. Non, monsieur, mais j’en use quelquefois quand il esl bon. ARLEQUIN. Oh ! cela z étant, vous pouvez l’essayer du mien z’en toute sûreté, l’empereur de la Chine n’en renifle point d’autre, z’et je tiens celui-ci de son porte-coton qui, lundi dernier, m’en lit présent de deux livres t’a Pékin. GILLES. A Pékin ! mais, monsieur, z’il me semble que je mi suis laissé dire comme ça qu’il y a bien loin d’ici à Pékin. ARLEQUIN. Oh ! non, z’il peut z’y avoir quelque cinq ou six mille lieues, tout au plus. GILLES. Comment, jarnombille, vous appelez cela rien ? ARLEQUIN. .le ne ilis pas que ne soit z’un chemin fasse/. considérable pour vous t’et bien d’autres, mais pour mon maître z’el moi c’esl une misère. un. Lies. Hé ! vous avez donc quelque diable, monsieur, qui vous sert « le voilure ? ARLEQUIN. l’i donc, est-ce que vous prenez le diable pour un crochet* ur ? apprenez que nous n’allonsjamais qu’à pied, et c’est ce qui fait que nous allons si vite. GILLES. Vous ous êtes donc fait dérater ? ARLEQUIN. Pointdu tout, comme vous ne paraissez pas t’avoir z’eu de l’éducation, z’il n’est pas que vous ayez lu z’ou entendu dire qu’il y avait z’i fois t’un bûcheron z’et. z’une bûcheronne qui avaient sept garçons, dont le dernier z’étant venu au monde pas plus gros que cela (il montre son pouce) fut appelé le Petit… GILLES. Poucet. ARLEQUIN. Justement. GILLES. lien, je sais cette histoire sur le bout de mon doigt, et j’ai z’été bercé avec cela. ARLEQUIN. Eh bien ! le Petit Poucet, puisque petit poucet il y a, sut si bien se pousser, qu’en… se poussant, Petit Poucet fit pousser d’autres petits poucets qui en tirent pousser d’autres t’aussi…, d’où d’autres sortirent z’encore. Tellement que de petits poucets en petits poucets, la fameuse paire de bottes de sept lieues t’a passé jusqu’à mon maître qui est le dernier de la race des Poucets. GILLES. Est-il possible ? ARLEQUIN. Cela est z’ausei vrai comme vous êtes t’un homme d’esprit. GILLES, faisant une grande révérence en se cannai. Ali ! monsieur. ARLEQUIN. Or, ces bottes l’ont z’encore z’une vertu dont