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JEAN BÊTE À LA FOIRE, SCÈNE IX.

Est-ce que vous allez m’en couler d’une douce pour guérir mon doigt ?

ARLEQUIN, mettant la seringue à terre. N’ayez pas peur : tout ce qui coûte seulement deux liards n’entre jamais dans le traitement de messieurs les gratis. (Il tâte le doigt doucement.) Ça vous fait-il mal quand z’on y touche ?

GILLES, se plaignant. Ah ! ah ! ah ! o, u, i.

ARLEQUIN tâte plus fort. Tant mieux ! et quand on le presse ?

GILLES, criant un peu. Ah ! ah ! ah ! o, u, i.

ARLEQUIN. Tant mieux !

(Il lui tortille le doigt de toute sa force.)

gilles crie de toute sa force. Ah ! ah !

ARLEQUIN. V’là qu’est fini ; demain, si ça ne va pas mieux, nous recommencerons.


SCÈNE IX


JEAN BETE, en médecin ; ARLEQUIN 1 , en apothicaire ; GILLES, CASSANDRE, ISABELLE.

ISABELLE. Est-ce vous qu’êtes le médecin, monsieur ?

JEAN BÊTE. Seriez-vous, charmante enfant, du nombre de s’te famille infortunée qui a été blessée z’à t’une bataille de coups de bâton ?

ISABELLE. Oui, monsieur.

JEAN RÈTE. Ayez confiance en moi : je m’appelle monsieur Moribond, médecin de Montpellier. Quelle maladie avez-vous, pour que je vous dise ce que c’est ?

GILLES, riant. Monsieur Moribond ! v’là un médecin qui porte le nom de ses pratiques.

ARLEQUIN, lui donnant un grand coup de pied dans le cul et se remettant gravement. Faut pas z’interrompre la consultation, faut pas interrompre.

GILLES. Eh bien ! regardez si z’on ne jurerait pas que c’est encore s’t’enragé d’ours.

JEAN BÊTE, à part à Isabelle. Est-ce que vous ne me reconnaissez pas, ma Zirzabelle ?

ISABELLE, à part. Oh ! sainte Epiphanie ! c’est mon Jean Bête ! (Wa»(.)Mon ch’pcre, v’ià qui z’est fini : vous m’avez un- t’entre les mains de isieur ; je m’y tiens, je n’aurai l’a l’avenir rien de caché pour lui ; je vais chanter, danser, chiffler, etc. Voulez-vous l’autre chose de moi, monsieur Moribond ? GILLES. Jarni qu’aux z’enjoleux de filles ! Ici se trouve dans le manuscrit une grand* lat uni . EAN BÊTE. Mademoiselle...., je prie monsieur vot’père de trouver bon que je vous épouse, là, z’en vrai mariage. J’ai toujours respecté messieurs les bonhommes Cassandre 11 y a des bonhommes Cassandre dans tous les états : j’en ai vu dans l’épée, dans la robe, dans le sacerdoce, le ministère, la finance ; et partout z’ils sont très-estimés z’et parents z’en droite ligne de messieurs Gobe-Mouches, qui sont z’aussi fort z’étendus. CASSANDRE. Monsieur, monsieur, vous nous faites beaucoup d’honneur de vouloir bien entrer dans ma famille. .. J’ai fort l’honneur de connaître aussi messieurs Moribond, qui sont sûrement z’une famille très comme il faut. JEAN RÈTE. D’autant plusque vous rencontrez z’en moiz’un médecin très-éelatant Gilles, en riant. C’est celui à qui j’ai chatouillé 1rs côtelettes ce matin ! Ah ! ah ! ah ! ah ! ARLEQUIN lui donne un coup de pied au cul et se remet gravement. Faut pas interrompre comme ça le fil d’une conversation. GILLES, se grattant la fesse. l’ardinc ! v’ià z’un maudit apoticuflaire . toujours ARLEQUIN lui donne un coup de pied an eut et se remet gravement. Vous interrompez toujours I vous interrompez toujours ! gili.es, se frottant la fesse. Comme on voit bientôt de queul métier sont les pens, regardez s’il me vise ailleurs. JEAN BÊTE. Monsieur le bonhomme Cassandre, si j’ai t’ébauche mamezelle vole fille , je ne demande pas mieux qui ; de l’achever de peindre ; mais il est temps de vous dire z’a quelle fin tous mes larlagèmes et déguisements d’opéra Je ne suis pas l’un véritable beau Léandre, comme vous le croyez ; je m’appelle Jean Bête, monsieur, auteur de parades, fils de Jean Broche, petit-fils de Jean Fonce, arricre-pelil-lils de Jean Lognc, issu de Jean Farine, qui suri ail de Jean Desvignes, lequel descendail en droite ligne de Jean Sans-Terre et de Jean Sans-Aveu, qui sonl une famille aussi z’illustre que les bonhommes Cassandre. Vous saurez en outre qu’un de mes grau ds-pères.i.