Page:Beaumarchais - Œuvres complètes, Laplace, 1876.djvu/778

Cette page n’a pas encore été corrigée

vous contre un utile citoyen qui veut bien plus que vous que chacun contribue, car il a plus que vous à perdre si quelques brûlots malfaisants parviennent à combler le désordre ?

Pourquoi versez-vous de l’absinthe sur les sages conseils de vos bontés municipales ? Depuis que votre écrit paraît dans la Chronique, si j’employais les tristes matériaux que tous vos ennemis m’envoient, je vous abreuverais de fiel, vous, magistrat zélé, qui n’avez sûrement que des intentions pures, en me gourmandant sans sujet !

À Dieu ne plaise que je pousse cette petite guerre plus loin ! Surveillez-moi bien, j’y consens ; mais que ce soit vous-même, avec votre équité ! N’allez plus ramasser tant d’indications hasardées sur les citoyens, leur état, leur fortune, et qui souvent n’ont de réel que l’inattention révoltante ou le manque de soins qui préside à leur rédaction. Plus d’acceptions désobligeantes quand vous formez des listes d’accusation, nommant les uns, couvrant les autres du manteau d’un et cætera.

L’homme riche, monsieur, ne doit payer ni avant ni après personne, mais seulement une somme plus forte que ceux qui ont moins de fortune ; voilà toute la distinction. Ne laissez pas penser qu’il entre de la partialité, ou même un peu de malveillance, dans le choix que vous faites de moi, entre mille autres citoyens, pour me donner des torts que je n’ai point : cela sera plus digne d’un magistrat, qu’on aime à voir intègre et balancé comme la loi.

Lorsque vous outragez un citoyen sur sa fortune (ce qui sans doute est un des droits de votre place, puisque vous ne dédaignez pas d’en user contre moi), il est d’un esprit exercé d’employer des expressions justes : car, désormais faire fortune ne sera pas, comme vous dites, mériter l’estime publique. Cette estime, monsieur, est un fort grand succès, une flatteuse récompense ; mais ce n’est point faire fortune, mot trivial qui ne s’applique qu’au fruit pécunier des travaux. Un écrivain de votre mérite sait cela beaucoup mieux que moi !

Peut-être il vaudrait mieux aussi, dans vos gaietés municipales, éviter ces rapports badins entre Alexandre et Beaumarchais, qui rappellent un peu trop les plaidoyers de la Folle Journée, et font dire à ceux qui parcourent les dénonciations du procureur syndic : Toujours de l’esprit, monsieur des Mazures ! la gravité de cet emploi, qu’un peu de peine a mis sur votre tête, exige un style plus décent.

Mais, pendant que vous m’accusez de ne point payer à l’État cent écus d’arriéré que je ne dus jamais, comparons sans humeur notre conduite réciproque depuis cette révolution ; cela peut n’être pas sans fruit.

cctle ijualité. Ta

point imprii

DSanl de rien payer VOUS il tant en cro tmis), vous vous

donniez du mouvemenl pour tâchi r d’être quelque chose ; moi, qui ne voulais être rien, j’obligeais 1 hôt i de Soubi ■. qui refu ail de l’aci epi cevoir, n déclaration vague pour ma contribution patriotique, mai— l’étal très-exael de mes biens productifs, dent j’ai payé gaiement le quart et la date de mes quittances n’est pas du jour de ma nomination à aucune place qu avoir n’en avoir jamais). Je soulageais, <ans en rien dire, lous le— pauvres de mon faubourg i coi abli s, dont, ne

vous déplaise, monsieur, ils me savent aussi quelque gré. J’ai les reçus de ma section, et y* trêsdou r n mt rcinn nts..le donnais de. lit— a huil cents de ii"— frères les lëdéi i —, et refusais, sans m’en vanter, des officiers municipaux d’alors la somme île quatre mille livres, que tous voulaient me rembourser, pour cette dépense » civique, dont j’ai quittance et leurs remerciments. Je leur proposais, mais tout bas, d’avancer de quoi soutenir divers établissements publics, et j’enai leurs remerciments. Je leur offrais de déposer dans le trésor municipal une somme, sans intérêts, pour qu’ils fissent euxcirculer de petits billets, donl le peuple avait tant besoin ! procédé qui eût prévenu l’affreux agiotage que de perfides secours ont l’ait naître depuis ; et j’en ai leurs remerciments et ceux du comité des finances, dont je n’aurais pas dit un mot. >i l’espèce de malveillance dont ou voudrai ! m’envelopper ne me forçait à me montrer, [ r ma sûreté personnelle.

Ainsi, pendant que vous me dé : ez comme arriéré d’un très-léger débet, eu m’injuriant sur ma fortune, je prouverai, s’il faut, que depuis dixliuit mois, j’ai déboursé, avec plaisir, en contribution, en aumônes, en secours, en dépenses civinviron cenl nulle francs pour le, plus occupé de sa conservation que ceux qui à’i n vantenl beaucoup : et toujours gaiement à mon poste, malgré le— dangers personnels que de— brigands m’ont fait courir.

Les "enereux propriétaires ne ; onl donc pas. monsieur Manuel, aillant inutiles à l’État que les gens de bien qui n’ont rien voudraient le faire accroire au peuple. Disons beaucoup cria tous deux, nous servirons la chose publique. si je conserve, au reste, une fonderie utile ; si. an lien île vendre mon livre— comme un igneron vend son vin, je me mettais à débiter des livres, je patenterais comme imprimeur a caractères : mais si jamais j’imprime a mon profit les souillures de la police, les lettres d’autrui dérobées, je me condamnerai d’avance aux reproches du procureur syndic actuel de la commune de Taris. Et si. pendant tous ces débats, ma maison se trouvait pillée comme on en répand le bruit sourd. au moins serait-il bien prouvé, aux veux