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n pour l’établissement de l’institut de bienfaisance que je cherchais à former en faveur des mères pauvres qui nourriront leurs enfants. Vous avez acquiescé à ma demande avec toute la grâce possible. Tons mes efforts jusqu’à présent n’ayant abouti qu’à former un seul établissement en France, j’ai senti enfin qu’il fallait le considérer comme l’exemple et le modèle de tous ceux qu’on pourrait former dans la suite, et que tous les efforts des bienfaiteurs devaient se porter au soutien de ce premier institut.

La ville de Lyon, qui a donné ce noble exemple à toutes les villes de France, a besoin d’un nouveau secours de la part de tous ses coopérateurs, non pour une charité du moment, mais pour placer un fonds dont la rente perpétue notre institut pour les nourrices.

Je vous prie donc aujourd’hui, messieurs, de vouloir faire remettre, par votre caissier, le produit de cette représentation à Me  Rouen, notaire de cet institut, rue Neuve-des-Capucines, vis-à-vis de la rue d’Antin ; il est chargé de le recevoir. Le zèle éclairé des administrateurs de cette noble institution a vaincu tous les obstacles qui nous ont arrêtés ailleurs.

J’ai promis d’envoyer mille écus à chaque ville qui suivrait l’exemple de Lyon, et je tiendrai parole. En attendant, je réunis mes moyens à ceux du seul institut de ce genre que l’on ait encore pu établir avec la sanction du gouvernement.

Faites-moi l’honneur de m’instruire de la remise de la ces fonds entre les mains de Me  Rouen, et celui de me croire avec considération,

Messieurs, votre, etc.

LETTRE XXXIX.

RÉPONSE À M. LE CURÉ DE SAINT-PAUL 1 . Paris, le 30 mars 1788.

Moxn digne et bon Pasteur,

Après vous avoir rendu grâce de l’obligeant avis que vous voulez bien me donner, permettez-moi

<ref>Voici la lettre que le curé de Saint-Paul avait envoyée à Beaumarchais :

Paris, 17 mars 1788.

es, mon eur, rn’ayant porté des pi tîntes hier sur les travaux doul ils étaient t isunjourde dimanche, de faire enteiuli 1 1 ]n^ ilr, iii.i-,,ii ;[is mes : une transgression que je ne puis voir am nul il nur. LY.ui,< n appr )fondi .pu’ j’.ii l- 1 ._• nlih.’r il.- faire m’a com aincu que c’étail ’fins votre maison 1 1 dans votre jardin que ces travaux avaient eu lieu. .1.’ mu- bien persuadé, sieur, que c’esl a votre insu et contre

. ordres que <i,’- ouvriers nul été mis eu action dans ce jour, dont 

I bsi 1 ■ ition est prcsci ite par la loi divine ri 1 elle de l’Etal l’at- 1 ids . !’■ vous, monsioui . de aouveaux ordres aux directeurs ’I'- vos travaux ; je les ai annoncés d’avance ■< plusieurs pei lait publique. J’ai du plaisir a croire que mon e pérance ne sera pas frustrée ■m moins aurai-je rempli ce que me dicte ma e et I ittachemcnl ave 1 lequel j’ai I ho ;ui d’être, Mo

Votre très-humble <t tu’ s-- -l » ■ ; ■ Ro curé de Saint-Paul

■ et prédicateur ilu roi. ■

do faire un mode- !.’ examen de la profanation que votre lettre me reproche.

Si vous aviez fait la recherche de ce délit qui nous est imputé avant d’en porter plainte aux magistrats, vous auriez su par moi, monsieur, qu’aucun maçon, ni voiturier, ni couvreur, ni autres ouvrier ; , ne travaillent chez moi le dimanche ; mais on vous eût représenté que dans ce mois de sève montante on ne peut laisser d’arbre hors de terre -.m- eiiv en 1 la n sel- de le perdre, et que des gens de la campagne, ayant conduit à mon jardin <<-~ arbrisseaux venus de loin, oui employé toute la iiuii du samedi, et même la journée du dimanche, a faire, non l’œuvre servile de les planter car ils sont payés pour cela . mai- l’acte conservatoire ei forcé Me le- -errer .’n pépinière dans un des . oins de mon terrain, pour les empêi le r de mourir : et cela sans aucun salaire, car ils me s k mitissent tout ce qu’il- planteront chez moi.

Quand il n’y a pas de péché, malheur à qui se scandalise ! dit en quelque endroit de l'Écriture.

Ne pensez-vous pas comme moi que les juifs seuls, ô mon Pasteur, savent observer le sabbat ? car ils s’abstiennent du travail, de quelque utilité qu’il soit : au lieu que, chez nous autres chrétiens, on dirait que le culte est un simple objet de police, tant ses commandements sont heurtés d’exceptions. Nous punissons un cordonnier, un tailleur, un pauvre maçon qui travaillerait le dimanche : et dans la maison à côté nous souffrons qu’un gras rôtisseur égorge, plume, cuise et vende des volailles et du gibier. Ce qui me scandalise, moi, c’est que l’homme de bien qui va s’en regorger n’est point scandalisé de cette œuvre servile , exercée pour lui le dimanche.

Dans nos jardins publics cent cafés sont ouverts, mille garçons frappent des glaces ; on en fait un commerce immense ; et l'honnête dévot qui va s’en rafraîchir le dimanche les paye sans songer au scandale qui en résulte.

Plus loin, monsieur, on donne un bal : vingt ménétriers altérés y font l’œuvre servile et folle de faire danser nos chrétiens, pour quelque argent qu’on leur délivre : si mon dévot n’y danse pas, au moins ni lui ni son curé ne les dénoncent à la police, et mon malheureux jardinier peut-être va payer l’amende.

Les fêtes et dimanches, on ouvre les spectacles : là des acteurs, pour de l’argent, font un métier proscrit selon l’Église ; et le saint dénonciateur des ouvriers de mon jardin va sans scrupule salarier l'œuvre servile qui l’amuse, en sortant de chez mon curé, où il a crié au scandale contre mes pauvres paysans !

Sans doute on répondra que ce qui touche le public mérite de faire exception à la rigueur du saint précepte ; mais le cabaret, la guinguette, et tous les gens qui vivent des désordres où ils plongent le peuple aux saints jours, exercent-ils aux yeux de