Page:Beaumarchais - Œuvres complètes, Laplace, 1876.djvu/671

Cette page n’a pas encore été corrigée

même en serez-vous plus tôt instruit que moi, car les nouvelles m’arrivent lien lentement.

« Votre concitoyen.

« Le ministre plénipotentiaire de France,

« E.M.M. DE MaUI.DE DE HûSDAN. »

Sa lettre contenait la partie officielle d’une autre lettre du ministre Pache, très-importante à lire pour juger du désordre et de la profonde ignorance où vivaient tous les malveillants qui ont fourni les matériaux de ma dénonciation ; lettre que Lebrun envoyait tout ouverte au citoyen Maulde, avec un mot de lui (ce qui la rend plus digne de remarque) à Maulde, qu’il nommait encore ministre plénipotentiaire à la Haye, quoiqu’il y eût un mois que Thainville, qui le balayait, était parti en poste, avec son balai, de Paris.

Ô désordre ! ô contradiction ! Je jure que tout marche ainsi dans ce fatal département.

Lettre du m i

« Paris, le 20 novembre 1792, l’an Dr, | c la république.

Le ministre des affaires étrangères envoie la lettre ci-jointe au citoyen Maulde, que vient de lui remettre le citoyen ministre de la guerre. » Lettre du ministre Pache. (Artillerie.) « Je vous prie, citoyen, de mettre le plus de céé qu’il vous sera possible a m’informer si, en conséquence de l’invitation qui a pu vous en être faite à la lin d’avril on au commencement de mai dernier, vous avez, conjointement avec le maréchal de camp la Hogue, fait vérifier et constater l’état et la quantité des fusils et autres armesà feu dép isés au port de Tervere au compte de Caron Beaumarchais ; et si vous avez fail ficeler et cacheter les caisses qui les contiennent, afin qu’elles restassent dans leur intégrité.

« Si vous avez eu mission, citoyen, pour faire cette opération, et que vous l’ayez remplie, je vous prie de ne pas différer un instant à m’en faire part, et de surseoir, en attendant, à toute vérification ultérieure à cet égard. " Si, au contraire, vous n’avez eu ni mission à ce sujet ni opération à faire, il convient que sous quelque prétexte que ce soit, vous n’en commenciez aucune jusqu’à ce que, d’après les renseignements que je vous prie de donnera c I je vous fasse connaître le parti à prendre ultérieurement.

« Signé : le ministre de la guerre, Pache. » Au-dessous est écrit :

<■ Pour copie demandée par le citoyen Beaumarchais, le premier décembre au matin. « Signé Leroi d’Herval, secrétaire. » Réellement on ne sait par où prendre ce chefd’œuvre ministériel, pour en faire le commentaire. Certes ce n’est point là l’ouvrage de M. Pache. Un ministre sensé n’écrit point de d’Iles sottises sur une affaire qu’il ignore, et quand il se doute, surtout, qu’il pourra être relevé. Mais le hasard, joint à mes réflexions, m’a fait trouver encore le mot de cette absurde énigme.

Le lettre est d’un commis, fabricateur des fausses instructions qui ont trompé le citoyen Lecointre. Avant de parler de cet homme, commençons d’abord par commenter sa lettre

(la lettke.)

I ui us ;. lit le ministre mal instruit à l’ambassadeur bien instruit de m’informer si, en conséquence de l’invitation qui a pu vous en être faite à la fin cf avril ou au commencement de mai dernier, etc.

— Que parle M. Pac/ l’avril et de mai ? est-il possible qu’il ignore que les ordres donnés par le ministre Lebrun au citoyen ministre Maulde sont du 20 septembre dernier : lesquels ordres, portant de recevoir mon expropriation à Tervére, aux tenu.’s de l’article 8 du traité du 18 juillet, ne peuvent avoir aucun rapport à ce qui existait avant la fin d’avril, temps auquel cette livraison devait, par moi, se faire au Havre, et sur laquelle M. de Maulde n’avait eu ni invitation ni aucun ordre de personne, car il n’était pas en Hollande :’ (la lettre.)

Si, en ■ d l’invitation d’avril… vous avez, conjointement avec le maréchal de camp la Hogue…

— Grand merci, monsieur Page, pour mon ami la Hogue ! le voilà, grâce à vos commis, maréchal de camp en avril, lui qui n’y a jamais songé : et vous lui faites ce ridicule honneur sur ce que, h— [8 juillet, un traité fait par deux ministres, sur l’avis des trois comités, enjoint au citoyen de Maulde, en qualité de maréchal de camp, de recevoii la livn armes de mon ami M. de la Hogue, nullement maréchal de camp, mais chargé de faire pow livraison à cet ambassadeur, en vertu du traité le 18 juillet !

Si de pareilles lettres sortaient d’un des cabinets ennemis, que de rires nous en ferions ! comme nos gazetiers de Liège s’en extasieraient de plaisir ! Je vois ici le commis rédacteur se pavanant de sa sagacité. Il me rappelle un chasseur gentilhomme qui, voulant se donner un air savant sur la mythologie, avait nommé son chien Thisbé, et sa chienne Pyrame, et s’en pavanait devant nous. Je vous dirai dans un moment quel est ce sage commis-là.

(la lettre.)

Si vous avez, conjointement avec le maréchal de camp la Hogue, fait vérifier… et fait ficeler et cacheter les caisses (et toujours en avril). — Suivant