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toujours sur le même objet. Je vais l’insérer dans le texte, uniquement pour contraster avec toutes celles qui vont suivre.

« La Haye, le 6 novembre 1792. " Citoyen ministre,

i. Si ma lettre « lu 10 octobre vous a été remise par mon premier commis, vous y avez vu qu’aussitôt mon arrivée ici, je me suis mis en devoir d’acquitter toutes mes paroles sur l’épineuse affaire des soixante mille fusils. Aujourd’hui j’ai l’honneur de vous annoncer, monsieur, que j’ai forcé mon vendeur, très-Autrichien quoique Hollandais, ou bien parce qu’il est Hollandais, à me livrer légalité semaine, au plus tard la prochaine, la cargaison entière des armes, ( longtemps ; et je le rends garant des obstacles que la politique hollandaise a mis à leur enlèvement. voulant ne reconnaître (à mon titre de négociant ; que l’homme qui i, et non leurs hautes puissances, à qui, lui dis-je, je n’ai rien à demander ; mais bien lui-même, qui est tenu d nt. Il me répond avec

un embarras plaisant que ma logique est aussi juste que pressante, et qu’en me livrant effectivement, comme il s’y prépare, il va faire les plus grands efforts pour m’aider à obtenir promptement l’extradition à’actuel de nos is, dit-il ; et moi je ré ponds:Je l’espère.

z certain, monsieur, que je ne compromettrai point M. deMaulde, qui n’a déjà que trop céments à la Haye (ce dont je me propose parler dans un instant; . Mon intention est de n’employer que ma force de négociant, de citoyen d’un pays libre. Le ministre n’y paraîtra que pour appuyer mes demandes, comme en étant chargé par le gouvernement de France. Mais j’ai l’honneur de vous prévenir, monsieur, que je reste à mon tour sans réponse, quand mon vendeur me dit que je n’ai nulle action civile contre lui jusqu’à ce que j’aie rempli la condition rigoureuse du cauti’lie florins

// ! ( ?, auquel il m’a soumis, l’étant lui-menu empereur. Et M. de Maulde sent si bien la force de cet argument, qu’il n’appuierait aucun de mes efforts, si ce préalable important n’était pas rempli de ma part, à cause de la réponse et nette et rigoureuse que leurs hautes puissances feraient au nom de mon vendeur, comme ce vendeur me l’a faite.

« Je suppose, monsieur, que vous l’avez expédié à M. de Maulde ou à moi, ce cautionnement tant diffère, mais sans lequel il est inutile de rien entamer d’énergique:car, pour que je puisse mettre un autre en son tort, je ne dois pas commencer par y être moi-même. Nous sommes d’accord du principe, M. de Maulde et moi ; et vous sans doute aussi, monsieur ? Nous attendons celte pièce importante. qu>— vous m’avez « 

plus souffrir aucun retard
sans quoi je

n’aurais pas cru devoir partir.

« Je reviens à M. d— Maulde, en vous priant de m’excuser si je sors un moment des bornes indivL duelles de mon affaire de commerce, pour vous parler de politique. Mais, monsieur, je suis citoyen avant tout, et rien de ce qui intéresse la France ne saurait m’être indifférent. Je ne désire pourtant pas que M. d Maulde ait jamais connais— I réflexions que je vous offre ; je craindrais qu’il n’imaginât que je suis ici son espion, ou que j’y fais de la politique à ses dépens, sans nulle mission de personne.

« Si jamais quelque chose eût pu me dégoûter de ce métier de politique, c’est le supplice réel auquel le ministre de France est condamné dans ce pays, l’éternelle cruciation qu’il y souffre, mais fièrement et sans se plaindre. De tous de dégoûts, on l’en abreuve à la journée. Il lui faut une vertu plus qu’humaine, un patriotisme pour ne pas prendre à chaque instant des bottes de sept lieues et s’enfuir ! Je vois qu’il se console de cette affligeante existence en travaillant comme un forçat, faisant sa besogne lui-même, et la besogne, obligé de la faire

le train le plus chétif

yé d’aucune puissance ait jamais eu dans ce pays, où tout le Nord vient aboutir, et qui est, selon moi, le centre de la diplomatie inti de l’Europe, pays où toutes les intrii diverses coalitions viennent se nouer ut — dénouer. Les autres ambassadeurs brillent, corrompent, dépensent et se montrent; lui seul, réduit au plus chétif état, qu’il ennoblit pourtant par un maintien républicain, deviendrait la risée de tous si, avec beaucoup de talent, sa fierté ne le soutenait. D’honneur ! il me fait compassion, et j’ai peine à me persuader que nos affaires n’ firent pas !

<t Avant-hier, trois ou quatre riches ru ° lam me disaient qu’il allait avoir d’autres couleuvres à dévorer, s’il était vrai, comme on l’écrivait de Berlin, que… i$ I, fait, « Ne sachant comment en (amer un point si d.’lient avec M. d<’■’ulde, je me suis proj écrire avant tout. Cela peut attirer des maux incalculables. Cet avis finit la mission que je me suis donnée moi-même. Vous êl — sieur : vous ne me compromettrez point avec notre ex-ambassadeur.

reviens à moi maintenant. Mes lettres de Paris m’apprennent qu’enfin l’ind que des brigandeaux avaient mise sur toutes les sommes que j’aurais à toucher au département de la guerre venait d’êtr

’sans motif ■’■ ipons con damnes en tous dommages eri ma /•’.< ur. C’est cette