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cent mille florins comptant en déduction du prix des armes, pourvu que j’acceptasse des mandats à plusieurs époques.

Après quelques débats je me rendis avec regret. Les blancs de l’acte furent remplis, et nous nous retirâmes pour qu’on en fît quatre expéditions semblables : une pour le département de la guerre, l’autre pour celui des affaires étrangères, la troisième pour le dépôt des trois comités réunis, et la quatrième pour moi.

Le lendemain au soir, nous nous rassemblâmes à l’hôtel de la guerre, les ministres, MM. Vauchel, de la Hogue et moi, pour terminer.

Tels furent, Lecointre, les détails de i i tl nation. Avàis-je beaucoup influé sur tout ce qu’on venait de faire, contrariant en tout nies vues, me laissant pour tout avantage l’honneur di fices que j’avais consommés ? Avec cette authenticité, si les ministres étaient coupables, il faut pourtant prononcer net que les trois comités n’étaient guère plus innoa nts.

Voila donc le traité conclu après de longues discussions. Vous allez voir, ô citoyens, de quels moyens on s’est servi pour en éluder toutes les clauses, el me plonger dans de pires embarras que ceux dont j’avais tant souffert.

Vprès lecture faite du traité, à l’instant qu’on allai) signer, M. Vauchel (un des plus puissants objecteurs que j’aie rencontrés de ma vi que si mon notaire, axant quelque besoin d’une aussi forte somme, s’avisait, lui, de l’emporter, il s’agissail de décider qui de la nation ou de moi eu supporterait le dommage.

Je seutis que cette objection pouvait nous faire user un mois eu vains débats, au grand dommage de l affaire. Je tranchai la difficulté en disanl à M. Vauchel que personne ne le supporterait, parce qu’au lieu de déposer les florins que nous n’avions (jus, ni même des assignats au cours du change pour florins, on prendrait, enprésence des ministres, de lionnes lettre— de i hange i r la somme, au plus fort comme dans les lois anglaises ; puis passées à mon ordre et déposées ainsi chez le notaire, traitt s, comme on le voit, dont il nepourrait abusi i ; et qu’à leur échéance on les renouvellerait, sous les mômes formalités, jusqu’au terme du payement, à quelque époque qu’il pût se prolonger ; qu’on réglerait alors les différences en plus, en moins. Je courais, comme ou le voit, au-devant de tous les obstacles.

Cela parut raisonnable à tout le monde. Enfin M. Vauchel, se voyant si pressé, se tourne vers les deux ministres : — Il faut bien dire à M. Beaumarchais le vrai motif de la difficulté. L département de la guerre n’est pas assez en fonds pour se dessaisir si longtemps d’une aus iforti sommeavant ’i’la payt r.

Par quel renversement d’idées, répondis-je comme un éclair, voulez-vous me soumettre, moi, a nous laisser mes fonds, au hasard de la malveillance el d’une longue nullité, quand le gouvernement français ne se croit pas assez riche pour l’oser ? Messieurs, ceci rompt court. Permelti / que je me reine.

Je m’en allais. Vauchel m’arrêta, disant que je prenais le change sur l’intention qui I a parler ; qu’on ne prétendait point l’arracher de moi par violence, puisqm ledépotdt la sommt était ’•les comités ; mai » qu’après avoir fait tant d’honorables sacrifices, une marque di confianci dans le gouvernement français ne devait pas m’en semhler un ; qu’on ne voulait point me tromper ; qu’on m’en saurai ! le plus grand gré ; q mieux m’y déterminer, au lieu de ccntmilli florins que j’allais toucher tout à l’heure, si, pour faire aller mes affaires, j’en voulais toucher deua cent mille, on me les donnerait, pourvu que je tisse que les ordonnances fussent à poste, aux dates donl on conviendrait, ce qui diminuerait d’autant cet intérêt commercial qui paraissait m contrarier. La tête me brûlait ! Je me promenais -ans rien dire dans le cabinet du ministre, où l’on entrait à tout moment : je cherchais vainement le mot de cette énigme. J’étais horriblement tronlile.

Était-ce un piège, une réalité ? Les deux ministres, à qui je dois la. justice de dire qu’ils étaient pour néant dans ces difficultés, tout aussi que moi, m’assurèrent qu’on en rendrait le meilleur compte à [’assemblée des comités, et que j’en recevrais l’honneur dû à un si bon citoyen. M. Vauchel, regardant la chose comme arrêtée, quoique personne n’eût rien dit, emporta les minutepour le.— faire refaire dans la journée du lendemain, après avoir ôté de l’acte le dépôt mis chez mon notoire, eu ajoutant, comme reçus pab moi, deux , ■, n 1 mille florins au lieu de et nt. Quant à moi, je me retirai dans une contusion d’idées insupportable. Je voulais éi rire aux ministres que je les suppliais de trouver bon qu’il n’y eût rien de fait, leur redemandant mes paroles. Mais ils s’étaient conduits si honorablement ! L’on pouvait tourner contre moi mon invincible répugnance, en me supposant l’intention di revenirsur l’acte, pour préférer l’argenl des i nnemis à l’avantage de la patrie.

Enfin, très-indécis, le lendemain au soir nous fûmes chez M. Lazard. M. Vauchel y lut le nouvel acte, cependant que chacun collalionnail un des quadruples. M, oi, comme un déterré, j’cin isagi ais M. Vauchel, pour voir si tout étail fini, porteur lit signer les ministres ; mon tour vint : j’hésitais ; on me pressa : je signai sans parler. M. Vauchel serra un de mes quadruples dans sa poche ; et, comme je demandais les ordonnances de mes fonds, M. Vaucliel, s’attablanl pour— les taire, se rrssoia int subitement qu’il avail dans l’opposition d’un sieur Pi ans la mainlevée