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encore de vous aliéner, me payeraient en bon or, que de me surcharger d’assignats, lesquels ne pourraient que tomber sous peu dans le plus affreux discrédit, si l’on continuait à dilapider autour de vous près de deux cents millions par mois, comme vous l'avez avoué vous-mêmes ? Mais ce ne sont point ces dépenses mêmes qui les discréditeront le plus : ce sont les fautes impardonnable, si ce n’est pis, des gens qui nous gouvernent : mon grand mémoire vous l’expliquera bien 11.

Au reste, citoyens, quand ils vous font rejeter ces fusils, dans l’espoir insensé de m’obliger à les leur livrer à vil prix pour vous les revendre bien cher, ce n’est point à dessein d’en priver ma patrie, à qui je les ai destinés, que je viens de montrer l’avantage commercial qu’il y aurait à préférer les payements en or des étrangers à ceux que vous ne faites qu’avec des assignats : car je vous déclare hautement que je n’en disposerai pour aucune puissance qu’après que mon pays m’aura bien entendu sur les indignes obstacles qui les ont empêchés de passer dans ses ports, depuis le temps que je les ai payés.

Quoi qu’il puisse arriver, ils vous appartiendront : car, si je ne prouve point que c’est par le fait même de mes accusateurs que vous ne les avez pas reçus, je consens à les perdre, et à votre profit ; j’en signerai l’engagement. Et si je prouve bien que l’on vous a trompés dans les rapports qu'on vous a faits, vous êtes trop équitables pour ne pas me faire justice : ainsi, dans tous les cas, les fusils sont à vous. Je poursuis mon raisonnement.

Quoi qu’il en soit, ayant entre vos mains, à moi, deux cent cinquante mille francs réels au delà du seul argent que j’aie reçu de vous, n’êtes-vous pas bien à couvert ? Tous les sophismes des méchants ne peuvent prévaloir contre ces vérités.

Ils ont eu la sottise de vous faire dire par Lecointre qu’ils m’avaient accordé cinq cent mille francs d’indemnité, quand, loin que j’aie un liard à eux, ils ont à moi plus de dix mille louis ! Ce mensonge grossier n’est-il donc pas trop ridicule ? Et à moins qu’on ait espèré de me faire tuer avant tout éclaircissement, les trouvez-vous assez stupides ?


Et c’est, b citoyens, sur de pareilles allégations que nous me décrétez, que votre scellé est chez moi, que ma famille est dans les larmes, pendant que moi j’étais dehors, et tout entier à vos affaires, -iii- l’article de vos fusils, et j’en aurai de bons garants ! Et vous l’avez prononcé, ce décret affligeant, sans avoir même soupçonné qu’il était prudent de m’entendre ! Suis-je donc à vos yeux la lie des citoyens ? Me croyez-vous un de ces pauvres ^ou^

/oyez le long dis s du citoyen Cambon, dans I" U

du . décembre, qui porte .1 !G8 millions la seule dépense de trois ■ : ni -■■ il ,11 . I^s trois mois qui préci daii rit que la terreur fit émigrer, pour vous emparer aussi de mes biens ? Non : cette injustice envers moi révolte tous les gens sensés. Si c’est tout mon bien qu’il leur faut, pourquoi jouer à mon égard la fable du Loup et de l’Agneau ? Rappelons-nous ce mot de lùokrk a un bomine qui lui proposait pour deux cents louis un manifeste sur la Silésie qu’il prenait : Quand on commande à cent mille hommes, lui dit Frédéric, on ne donnerait pas un farding d’un prétexte. Ce mot sanctionne toutes les usurpations. Ils sont les plus forts avec moi : qu’ils prennent ma fortune, et me laissent mourir en paix.

Mais je pense pourtant qu’il en est de pareils décrets comme de ces arrêts du conseil des parties qu’on obtenait sans preuves et sur requête, et sauf l’opposition de celui que l’arrêt grevait. Sans cela, il faudrait s snfuir en criant avec disespeu pauvre France ! é pauvre France !

Dans cette occasion-ci, l’on ne sait véritablement ce qu’on doit le plus admirer, de l’ignorance crasse où les vils machinistes qui font i voir Lecointre sont de la vérité des faits, ou de la rare audace avec laquelle ils lui font débiter leurs mensonges.

vous, Lecointre, qui par zèle avez si ardemment 

demandé en Hollande quelques notions (criailles sur tous les achats qui s’y font ! que ne m’avez-vous dit un mot ? C’est moi qui vous les eusse données, ces notions si utiles dont vous êtes curieux. Je vous aurais appris confidemment ce que je vais vous confier en face de toute la France : attendez mon mémoire : il ne languira pas. Mais, avant de vous bien montrer quels sont les traîtres à la patrie, de ceux qui m’accusent ou de moi, sur l’affaire de ces fusils, je dois mourir ou me laver d’une autre grave accusation de correspondance coupable avec Louis XVI, dont le Moniteur ne dit mot, mais dont les gazettes hollandaises m’ont instruit avant mon départ ’.

Je vous déclare, 6 citoyens, que le fait de ces lettres est absolument faux : qu'il n’a été imaginé que pour jeter sur moi, pendant qu’on dénonçait les armes, une telle défaveur, qu’on pût croire sans examen qu’un aussi grand conspirateur qu’on suppose que je le suis, s’il trahissait la France sur un point, était bien capable sans doute de la desservir dans un autre. Voilà tout le secret de cette nouvelle horreur.

Je demande que mes prétendues lettres soient déposées sur le bureau, jinrnfirs de la main de l’honnête homme qui les présente. Car il faut, citoyens, qu’un des deux y pà-issc. Ce mensonge est I. Voyez dans la Gazette de laCour, a la [Iaye,du i" décembre, la dé .iMh.iii des fusils, par Dubois-Crancé, aux jacobins ; puis, dans cette annonce de même date : On a été aussi occupé, hiei , matin, à ttre le scellé partoul ami- la maison de Beaumarchais, , , parmi les grands conjurés, et a écrit plusieurs ,, lettres 1 Louis XVI. .