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lui, le peuple et la noblesse, les engagements qu’il prend ne peuvent empêcher la fougueuse nation de se porter à des excès qui n’en subsistent pas moins, quoique désavoués par l’équité du prince ou son respect pour la foi jurée. Réunissez, dis-je, toutes ces notions, et vous n’aurez encore qu’une faible idée du peuple audacieux qui nous accuse aujourd’hui de perfidie.

Mais pourtant, si le roi d’Angleterre ne peut pas toujours être rendu garant des infractions de son peuple aux traités subsistants, à qui donc gaudonsiii. us initie lui ? Quoi ! vous s liez, Anglais, et m croyez jamais l’être ? Étrange et superbe n’alion, qu’il faut admirer pour ton patriotisme et la fermeté romaine que tu montres en les revers actuels’, mais qu’il est temps d’humilier, pour punir ri ivprimer l’abus affreux qui’tu te plu— toujours à faire de ta prospérité !

Marâtre insensée, qui prétends a l’amour de tes enfants, quand tu ne verni les enchaîner que pour épuiser le sang de I.’iirs veines, ri remploj ira (es prostitutions ! Si l’instant osl venu qui’ton exemple doit apprendre aux nations qu’il n’est de politique iieui’i’iise et durable que eelle fondée sur In morale iiiiim i-i]le, et sur la réciprocité des devoirs ri des égards

si tes minisiivs. aveuglés par une ambition ineptie en ses vues et trompée’dans ses mesures, ont imprudemment porté leur système oppressif sur tes colonies, et les ont forcées, en prenant les armes, d’adopter pour devise ce vers terrible, instructif et sublime de ûotre grand Voltaire : L’injustice à la un produit l’indépendance ; Et si, par une suite de cette mquiëte arrogance qui ne vous permet jamais de goûter de liberté que celle qui s’appuie sur [^oppression île vos frères, vous allez encore avoir, o Anglais, à pleurer la perle de l’Irlande, si longtemps par vous et si inni h ■mriii avilie, repentez-vous, frappez votre poïtiine, aecusez-vous, et cessez d’accuser " de l’orage el des maux infinis que vous seuls avez attirés sur votre patrie, malheureuse. J’ai prouvé, par vos procédés affreux envers nous, qu’il ne vous était dû de notre part qu’anatlirmr et vengeance ; et cependant. Anglais, vous êtes les agresseurs !

J’ai prouvé que si la France eût suivi l’impulsion du plus juste ressentiment, elle eùl dû secourir l’Amérique, la. prévenir même, et hâter l’instant de son indépendance ; et cependant, Anglais, vous êtes les agresseurs !

J’ai prouvé que, tournant contre l’honneur de nos ministres l’effet de leur condescendance pour vos embarras, vous prétendez les couvrir du ridicule ineffaçable d’avoir sans cesse arrêté d’uni’ main ce que vous les accusez. d’avoir encouragé de l’autre ; qu’au lieu de leur rendre grâce du peu de fruit que l’Amérique a tiré des faibles eftorts du commerce, vous mêliez ces efforts sur le compte de leur perfidie : mi cela même. Anglais, de— agresseurs très-malhonraêttes el très-ingrats. Cependant, passe encore i r injurier : c’est votre manière de vous défendre, elle est connue ; et quand on s’est, l’ail une mauvaise réputation, il reste au moins a jouir du triste privilège acquis par elle.

Un —ail bien que dans votre style il en est, è Anglais, de la perfidie de la France comme de In poltronnerie des Américains, qui ont l’ail mettre armes bas à vos troupes, el vous ont chassés de leur pays. A vous dune permis d’injurier tout le nninile.

Mais déraisonner pour le seul plaisir d’outrager, déraisonner dans un écrit grave et soumis aujugenrent des raisonneurs de l’Europe., n’est-ce pas abuser n In lui— de toutes les façons d’être audacieux ? Car enfin, si le mi de France eût eu Iodessein de secourir secrètement l’Amérique, il eùl au moins voulu le faire efficacement’, el dan— ee cas il ne fallait pas nu grand efforl pour deviner qu’en prêtant seulement un million sterling aux États-Unis, une espèce de proportion n 1 instant rétablie entre le numéraire et le papier de leur pays mirait soutenu le crédit et l’émulation générale, eùl augmenté’ l’ardeur des soldats parla réalité de la paye, el peut-être eùl mis les Américains, sans nuire secours, à portée de terminer promplenieni leur guerre : économie ou libéralité qui nous eût épargné pris de quatre cents millions, que notre protection mililnire nous n déjà coûté ! Donc, si In murale ou la noble politique du roi Je France l’empêcha de prendre ce parti, c’est que ce roi, jeune el vertueux, ne voulut pas permettre ce qu’il ne pouvait pas av< r. Toute sa conduite subséquente est la preuve de celle assertion. —-■ Mais pourquoi donc ce mi si juste a-t-il subitement renoncé à sa neutralité pour s’allier avec l’Amérique ? — Écoutez-moi, lecteur, et pesez mes paroles : cette réponse est la lin de tout. Après avoir demeuré longtemps spectateur passif et tranquille de In guerre existante, le roi de France, mstruit, par les débats du parlement d’Angleterre et par le succès des armes américaines, que, malgré les efforts des Anglais pendant trois campagnes successives, la Force de— événements séparait enfin l’Amérique de l’Angleterre ; instruit aussi que les meilleurs esprits de la nation anglaise s’accordaient à penser, a due hautement, dans les deux chambres, qu’il fallait à l’in-lnnl reconnaître l’indépendance des américains ci traiter avec eux sur le pied de l’égnlile : le mi, ne pouvant plus se tromper sur le véritable objet de— armements de l’Angleterre, lor.-qu’il voyait le peuple anglais demandera grands cris la guerre contre lui, lui faire offre de lever la milice nationale à ses frais, el de fournir volontairement, par chaque shire mi comté, un certain nombre de soldatSi