par M. le cardinal de Rohan ou Mgr le duc de Chartres, d’examiner l’affaire des Quinze-Vingts, lorsqu’il est prouvé, dit-il, que tous les deux ont désavoué le sieur de Beaumarchais.
Quel auditeur, même attentif, supposerait, contre une provocation si fermement articulée, que l’on pût élever la moindre suspicion ? Celui qui ne sait pas douter, en écoutant aux audiences, connaît peu jusqu’à quel degré d’indécence et d’audace d’infidèles défenseurs prostituent leur plume ou leur voix dans les plaidoiries de nos jours : se faisant un jeu barbare de l’indifférence publique, de la facilité que nous avons à croire, et surtout comptant bien sur les appuis de la malignité, qui ne manque jamais à celui qui injurie, il n’est point de mensonge et de grossière calomnie qu’ils ne hasardent en plaidant ; certains de les faire adopter, lorsque l’insulte porte sur un homme qu’ils jugent n’être pas tout à fait indigne de l’attention publique : il semble alors que la tourbe des malveillants n’attende que le signal de leurs injures pour exhaler le long ressentiment que donnent les moindres succès. Les avocats, dit-on, ont de grands priviléges. Heureusement que nous n’en usons pas. Il faudrait déserté le barreau, ne pouvant plus le réformer. Arrêtons-nous. Ce n’est pas me plaindre qu’il faut, mais convaincre que j’ai raison.
Il y avait environ cinq mois que la dame Kornman était libre. Elle me faisait l’honneur de venir quelquefois chez moi, car sa reconnaissance s’est jamais démentie. Déjà son mari avait entamé et rompu plusieurs plans de réconciliation avec elle, lorsque M. le cardinal de Rohan me fit prier par le sieur abbé Georgel, vicaire général de la grande aumônerie de France et gouverneur de l’hôpital royal des Quinze-Vingts à Paris, d’aller conférer avec lui sur une affaire très-importante, où mes conseils et mon concours seraient, disait-on, fort utiles.
J’eus l’honneur de me rendre chez S. A. É., qui me pressa très-vivement de prendre un intérêt quelconque dans la grande affaire des Quinze-Vingts, dont les propriétaires actuels, fort embarrassés, me dit-il, me céderaient la part que j’y voudrais à des conditions honorable, et surtout fort avantageuses. Le prince-cardinal ajouta que
sentais à me mettre à la tête, en prêtant à l’affaire huit nu neuf cent mili : livres, y, I obliger. ■■ infiniment lui-même comme vendeur au nom du roi, et sauverais une grande entreprise qui semnacée de sa ruine.
M. le cardinal et M. l’abbé Geor ; el, réunis, n’o mirent rien pour m’y déterminer. Mai i i onstants refus dans différente l : lin convaincus que rien ne pouvait me faire rentrer dans cette aff lire, il e réduisi renl n me prier de donner au moins quelque temps à l’examen sévère du triste état de l’entreprise, iur moi, du i’1 ins poui ■
que le sieur Seguin, l’un des d
sieur Koi □ un mol qui je li merais, viendrait avec les actes, les ! ’■i tous les renseignements nécessaires, Au nom de Kornman je lis un mouvement dont il fallut donner l’explication. Je racontai au cardinal tout ce qu’on a lu ci-dessus ; mais vaut lui refuser ce que S. A. Ë. medeman tant de gi — je rejetai toute entr . ! ! ■ d’affaires avec Guillaume Kornman, et. consentis de recevoir le sieur Seguin, son associé, ou telle autre personne, pour étudier par quel niée. eu on pourrait sauver cette affaire. Mais je ne consentis à faire ce travail pénible que sur 1 formelle de S. A. É. qu’elle it le crédit que les circonstances lui donnaient sur le sieur Guillaume Kornman à lui faire rendre justice à sa fen
ilheureuse mi enfants qu’elle
qu’elle avait (eus deux allaités, et qu’elle tous les jours ; à se raccommoder avec que je lui dissimulasse mon mépris qui pour un homme de ce caractère ; mais c’est que mon opinion sur le devoir des mères était plus forte que mon mépris.
S. A. É. me promit ce alaire de tous mes seins. Le sieur Seguin vint travailler chez moi, m’apporta les actes, les livres, les con Kornman, comptable ; tous ceux des loca de — entrepreneurs des Quinze— Vingts. Je fis sur un cahier m : ions, mes demandes, que le uin répondit en marge. J’ai les lettres, i miptes, les demandes, les réponses nie du tableau général de l’affaire, que après trois mois de travail, à M. le cardinal de Rohan et à M. l’abbé George] ; ou plutôt je ne les ai plus : je les ai déposés chez M. l’avocat général, comme pièces justificatives des faits que je viens d’avancer.
S. A. É., dans la bonté de son cœur, ne sachant comment s’acquitter des grands travaux que j’avais faits pour elle, me réitéra sa promesse d’employer les plus grands efforts pour raccommoder le ménage des sieur et dame Kornman. Ce dernier le sollicitait de lui prêter quarante mille livres, dont il avait un grand besoin. M. le cardinal m’assura que, ne les ayant pas alors, il les emprunterait pour l’en aider, pourvu qu’il donnât sa parole de faire justice à sa femme.
Que vous ajouterai-je, messieurs ? l’homme fit tout pour avoir cette somme. S. A. E. l’emprunta, la lui prêta sur sa parole ; et, sitôt le prêt accompli, le sieur Kornman obtient arrêt de surséance sur un faux état de ses dettes, dans lequel ni la dot de sa femme, ni les quarante mille livres de M. le cardinal, ni ce qu’il devait aux Quinze-Vingts, n’entrèrent (cet état, écrit de sa main, est