copies figurées de tous les écrits… qu’ON attribue au sieur de Beaumarchais, etc. »
(Page 44.) « Le comte de la Blache observe qu’il est étonnant que le sieur de Beaumarchais ait eu le courage de donner les billets de M. Duverney pour la réponse à cette lettre, etc. »
(Page 51.) « ON dit que tel était le premier état de ce billet ; que depuis on a ajouté, après ces mots : avant midi, ceux-ci : voilà notre compte signé, etc. »
(Page 52.) « ON a dit aux soussignés que l’addition après coup de ces quatre mots : voilà notre compte signé, est palpable, etc… ON a assuré les soussignés que, pour appliquer une date au mois d’avril, etc., etc. »
Toujours ON, et jamais nous.
C’est ainsi que l’avocat qui s’intitule les soussignés a cru devoir vous charger seul du poids de vos imputations criminelles, et vous ne tarderez pas à voir qu’il a bien fait ; personne que vous ne devant jouer, dans cette abominable farce que vous nommez défense, le rôle de calomniateur, dont je vais vous attacher à l’instant l’écriteau.
Les prudents soussignés ont si bien prévu même à quoi vous vous exposiez, que, pour tâcher de vous soustraire aux conséquences d’une pareille audace, après avoir souillé leur plume à m’imputer en votre nom le plus lâche des crimes, ils ont poussé leur honnête complaisance jusqu’à hasarder que l’on ne pouvait pas vous forcer de faire la preuve de vos imputations, quand même on les soutiendrait fausses.
Ils ont osé estimer que, si je soutenais opiniâtrément que tout, le commerce entre M. Duverney et moi, que je présente, ainsi que les mots voilà notre compte signé, étaient tels que je les prétends, vrais et justes, écrits par M. Duverney, le comte de la Blache ne pourrait être forcé à une dénégation formelle, et que, quand j’aurais bien prouvé l’atrocité du comte de la Blache, il n’en pourrait être tiré aucune conséquence fâcheuse contre ce seigneur, etc. Comme ils sont paternels, ces bons soussignés. Il faut lire tout ce qu’ils en disent (page 53 et suivantes) : en vérité, cela est très-curieux.
Mais ce ton perpétuel de défiance des soussignés, tous ces oui-dire et ces on dit, sur lesquels ils consultent, rejetant sur vous seul tout ce que leur plaidoyer a d’outrageant, puisque c’est de vous seul qu’ils avouent tirer leurs fausses lumières, et non de leur propre conviction, il s’ensuit que tout ce qu’ils avancent à cet égard n’a pas plus de force et de valeur que si c’était vous seul qui l’avanciez. Si ce qu’ON leur a dit n’est pas vrai, si ce qu’ON leur a exposé n’est qu’un mensonge absurde, ils n’en sont point garants : il n’y a donc en tout ceci que le comte de la Blache seul qui parle pour le comte de la Blache ; l’avocat consultant avoue partout n’être que l’humble voix qui nous transmet les dires et les actes sincères de ce seigneur aimable. ON nous a dit, ON nous a exposé.
Or, comme il est bien prouvé, monsieur le comte, par vos lettres que je produirai, par vos récits imprimés que je rapporterai, que de votre aveu vous n’avez jamais su un mot de ce qui s’est passé entre votre bienfaiteur et moi ; que vous n’avez trouvé (selon vous-même encore) à son inventaire aucun renseignement sur nos relations particulières, laissant à part nos avocats, je dis que vous seul méritez l’opprobre éternel dont je vais achever de vous couvrir à l’instant.
Une ancienne loi des Lombards, adoptée en France autrefois, portait que, si dans une hérédité quelqu’un se présentait avec une chartre ou titre que l’héritier arguât de faux, il fallait que ce dernier se battît pour prouver qu’il ne devait pas acquitter le titre. Les légataires de ce temps-là devaient trouver les épices du procès un peu chères : ils chicanaient moins. Mais lorsqu’ensuite il s’établit qu’on pourrait décider ces questions par le combat de deux champions, les légataires, moins gênés sur les épices, payèrent volontiers des épées qui ne menaçaient plus leurs poitrines ; et maintenant qu’ils n’ont que des plumes à aiguiser, qu’il n’y a plus de versé que de l’encre, et d’effleuré que du parchemin, c’est un plaisir de voir comment les légataires processifs s’en redonnent par la plume de leurs soussignés !
Suivons donc ceux-ci, et fixons-nous à l’aveu solennel qu’ils font (page 40 de leur consultation), « que si les lettres rapportées sont parvenues à M. Duverney, et si à chacune d’elles il a fait la réponse qui est appliquée par le sieur de Beaumarchais, il s’ensuivra très-certainement que M. Duverney a eu la plus parfaite connaissance de l’écrit du 1er avril ; qu’il a travaillé lui-même à le former, à le corriger, à le mettre en l’état où il est. » Voilà le seul point auquel je me cramponne.
De sorte que si je prouve, à la satisfaction du lecteur et des juges, la véracité de ce commerce, à mon tour il faut m’accorder qu’il ne restera rien de l’édifice hypothétique du comte de la Blache et des soussignés.
Mais par quelle suite de raisonnements ce comte de la Blache, que je ne nommerai plus Falcoz, parce que c’est son nom, et que son nom l’afflige ; par quelle suite de raisonnements, dis-je, est-il parvenu à faire illusion à de graves avocats, à leur inspirer du soupçon sur la véracité de ces lettres ? Eux-mêmes vont nous l’apprendre dans leur longue consultation.
Le comte de la Blache leur a dit : car le mot on signifie toujours le comte de la Blache ; et quoique cette dénomination ne soit pas en grand honneur parmi nous, on, ou le comte de la Blache, leur a dit que jamais il n’y avait eu entre M. Duverney et