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Par notre arrêté de compte, vous avez exigé que je vous remisse, le lendemain, pour tout délai, le traité de société résilié et biffé ; je l’ai fait par déférence. Vous ne vous êtes réservé dans notre acte aucune option sur le prêt, puisque vous en avez fait l’indemnité de la résiliation d’une société qu’il vous importait d’éteindre. Moi seul, en acceptant le fournissement de soixante-quinze mille livres, je m’étais réservé le droit de vous forcer à reprendre cette société, en cas que je ne pusse arracher de vous le prêt d’argent qui était le prix de la dissolution. Mais, après avoir fait votre choix, après m’avoir ôté des mains le traité résilié, vous croyez-vous en droit, pour me ruiner, de revenir à choisir, entre deux obligations, la seule que vous avez rendue impraticable ? Au défaut de celle-ci, l’obligation du prêt ne demeure-t-elle pas dans toute sa force ?

Pour être conséquent, je vais donc vous poursuivre pour le fournissement de l’argent convenu : et si tous vos biens ne sont pas suffisants pour le remplir, alors seulement je conviendrai que j’ai eu tort de vous rendre un traité biffé, par lequel, en vertu de l’alternative que je m’étais réservée, je vous forcerais aujourd’hui de supporter tout le poids d’une affaire dont vous vous êtes allégé à mes dépens.

Tant que vous avez vécu, monsieur, je n’ai pas eu besoin d’employer ce langage sec et rigoureux ; vous étiez juste, grand, généreux ; mais vous n’existez plus, malheureusement, et vos représentants n’ont hérité que de vos biens.

J’ai dit plus haut que, de quelque façon que je m’y prisse, je n’aurais jamais raison avec un adversaire aussi cauteleux que le mien. Je vais plus loin : il m’était impossible d’éviter de plaider avec lui. Par son humeur pour une demande de quinze mille francs, jugez quelle eût été sa rage contre moi, si l’arrêté de compte qu’il rejette n’avait pas été fait du vivant de M. Duverney ? Aux prétentions du comte de la Blache j’opposerais : Trois quittances valant

In contrat en brevet de…

Les arrérages à dix pour cent depuis 1762 jusqu’en 1770…

Un traité de société, dont li s fonds a rembourser

’. intérêt poi té à

. :

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8, 00 i

, 000 liv.

Réduirait-il alors mes débets à cinquante-six mille livres ? Au contraire, il serait bien désolé de ne pouvoir pas m’opposer pour plus de cent trente-neuf mille francs de titres.

Or cette somme défalquée de deux cent trente-sept mille livres me laisserait aujourd’hui créancier, et créancier rigoureux, de quatre-vingt-dix-huit mille francs ; ou j’aurais sur lui une rente viagère de six mille livres, et il serait chargé seul du poids des fonds, et de l’embarras de suivre l’affaire des bois de Touraine.

Et si j’avais été l’homme infâme pour lequel le comte de la Blache voudrait bien me donner, à cette créance légitime de quatre-vingt-dix-huit mille livres j’aurais pu joindre la créance abusive de cent soixante mille francs de billets au porteur. 1..’comte Falcoz aurait beau crier aujourd hui, gémir, imprimer que je suis un monstre ; il faudrait acquitter ces billets, et, au lieu de quinze mille francs, me payer deux cent cinquante-huit mille livres.

Je m’rougis point d’avoir eu des obligations à M. Duvernej, et le seul bien de cette odieuse affaire est de m’avoir fourni l’occasion d’en publier ma reconnaissance : mais je ne’glorifie d’avoir i lé assez heureux pour lui rendre à mon tour de très-grands services. J’ai passé ma vie à taire du bien au delà de mes moyens, el a mériter la réputation d’homme juste, qui m’est aujourd’hui contesté ri depuis quatre an— ! <■ comte de la Blache m’a outragé de toutes les manières possibles pour une misérable somme de quinze mille livres. L’humeur me gagne : il est temps de m’arrêter. Je crois avoir prouvé que les trois pièces sous les n"— ;  ;. y et 62.-ont des objets étrangers à mon compte ; qu’elles ne sont point des titres à argent ; .•t que, si je ne les avais pas rendues, j’aurais dû les brûler. Je crois avoir solidement établi que la remise des cent soixante mille francs de billi ts au porteur, axant d’entamer le compte, esl un ii. d’équité de ma part, qui reflète avantageusemenl sur tout le reste de l’acte. ou, sous nu autre point de ui’. mu’preuve incontestable que chacun y veillait à ses intérêts. Je crois avoir prouvé que je ne devais au total, a M. Duvernej. que cenl trente-neuf mille francs ; que je 1rs ai bien payés ; que les quinze mille francs qui ne 1.-ont » I n s par le résultat ne peuvent être contestés ; que le fournissement des soixante-quinze mille li res doit ètn effei tué sans délai, aux termes de l’acte ;’■ ! qui’, loin que les inb rets du comte de la Blache se trouvent lésés par cet arrêté de compte, il doit a ma seule équité de n’avoir point a remplir envers moi des engagements immenses ; qu’indépendamment de I injustice de ses prétentions au fond, la forme de l’arrêt qui lui a donné gain de cause est vicieuse de tout point, el que cel arrèl ne saui.ut subsister. Mais quand on se rappellera, monsieur le comte, i < 1 1 1 1 ce que j’ai fait pendant h mois i ■ ue point avoir de proi es avec l’héritier de mon bienfaiteur, quand on verra mes lettres remplies d’égards, vos réponses pleines de hauteur !

Quand on se rappellera le dépôl volontaire de mon acte chez f Hommet, notaire ; l’invitation réitérée que je vous ai faite d > amener les ami— el les commis de M. Duverney, qui tous vous ont blâmé <le m’intenter cel indi,