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me les prêtait à quatre pour cent, et quelquefois sans intérêt : cela est en effet si difficile à concevoir pour le raisonneur, qu’il aime mieux user deux grandes pages à débattre sa puérile observation, que de reconnaître la simplicité d’une marche aussi naturelle.

Serait-ce sur les arrérages de la rente qu’il voudrait que j’eusse fait porter cette absurde compensation ? C’est encore pis. C’est vouloir qu’au lieu d’emprunter de l’argent dont j’avais besoin, j’eusse exigé des arrérages qui ne m’étaient pas dus, puisque cet argent me fut prêté en 1761, et qu’aux termes de l’acte les arrérages de la rente m’avaient été payés jusqu’en 1762. La seule chose raisonnable était de cesser de payer les arrérages de la rente, pour les défalquer un jour en comptant sur ces prêts d’argent, et c’est précisément ce que nous avons fait.

Il faut qu’un avocat ait bien peu de choses à dire pour enfler son mémoire de pareilles inepties ! ou plutôt j’imagine voir le comte de la Blache qui vient le presser, le harceler pour en obtenir un mémoire. — Eh ! mais où sont vos titres ? lui dit l’avocat ; vous ne me fournissez que des allégations ! — Eh bien ! faites-les valoir. — Cela vous est bien aisé à dire. — Mon ancien défenseur m’aurait fait vingt mémoires là-dessus, lui ! Il a bien trouvé le moyen de me faire gagner ce je— — au parlement de 1771, en avril 177 :  !. — Cela se peut, monsieur le comte ; mais nous sommes en novembre 1774, au conseil du roi ; et c’est bien différent : on n’y débat que la forme des arrêts sans les entamer au fond. Enfin, pour plaire à son client, l’avocat, forcé de parler, a dit les belles raisons que je viens de relever, et plusieurs autres que je relèverai encore.

ARTICLE VI.

m plus, je me reconnais débiteur de mondit sieur de Beaumarchais de la somme de soixante-quinze mille livres, pour les fonds qu’il a mis dans l’affaire des bois de la haute forêt de Chinon, où il est intéressé pour un tiers, dans lequel je me avec lui pour les trois quarts, avec neiii de faire ses fonds et les miens, aux termes de notre traité de société du ii ; avril . I7ii7 ; lesquels fonds je n’ai point laits, mais ii bien lui. »

De la part du légataire universel, c’est toujours la nié logique, il dit : « in traité de société est <■ ici spécifié dan— l’acte : d — ee traité de société n, i jamais existé, "l’oint d’autres raisons ; jamais d’autres preuves : et il appelle cela des défenses !


un se persuade aisément que des défenses de cette nature ne sont qu’un prétexte pour dire beaucoup d’injures à celui qu’on hait depuis longtemps commt m, itmnnt aime sa maîtresse. Dans la première partie de cet écrit, j’ai prévenu rapidement que M. Duverney s’était engagé envi mes augustes protecteurs d’augmenter ma fortune. si d exposer de nouveau toutee qui servit à fonder cet arrêté de compte est un historique étranger à la cause que je défends aujourd’hui, il ne— l’est point au fond du procès, il ne l’est point à l’opinion publique. Les honnêtes gens surtout me sauront gré de n’avoir voulu rien laisser d’obscur sur cette partie de ma vie, si odieusement attaquée, après en avoir autant éclairé le reste. Forcé de rappeler d’honorables bienfaits, comme premiers chaînons des événements qui ont amené cette horrible affaire, au moins mon cœur y gagnera de faire éclater sans indiscrétion, après douze ans de silence, une reconnaissance que le seul respect a pu renfermer si longtemps dans moi-même.

oui, je le dis, et mes amis savent bien que je le dis sans regret, je devrais être un des plus riches particuliers de mon état, et, sans le malheur opiniâtre qui m’a toujours poursuivi, je le serais sans doute.

monsieur Duverney. vous l’aviez promis, solennellement promis, à monsieur le dauphin, a madame la dauphine, père et mère du roi, aux quatre princesses, tantes du roi, devant toute la France, a I École militaire, la première fois que la famille royale y vint voir exercer la jeune noblesse, y vint accepter une collation somptueuse, et faire pleurer de joie à quatre-vingts ans le plus respectable vieillard.

l’heureux jeune homme que j’étais alors ! Ce grand citoyen, dans le ravissemenf de voir enfin ses maîtres honorer le plus utile établissement de leur présence, après neuf ans d’une attente vaine et douloureuse, m’embrassa les yeux pleins de larmes, en disant tout haut : Cela suffit, cela suffit, mon enfant ; je vous aimais bien, désormais je vous regarderai comme mon fils : oui. je remplirai l’engagement que je viens de prendre, on la mort m’en ôtera les moyens.

J’ai dit qu’il m’avait procuré quelques petits intérêts « pu. changés en argent, et gardés par lui-même en attendant le renouvellement du traité des ivres, me formaient sur lui une rente viagère de six mille francs au principal de soixante mille livres.

La compagnie des vivres s’étant renouvelée sans qu’il pût m’. faire entrer, dans la crainte qu’on ne l’accusât d’avoir manqué de chaleur en cette occasion, il avait imaginé d’acquitter d’un seul coup ses promesses, en me prêtant cinq cent mille francs pour acheter une charge que je devais lui rembourser à l’aise sur le produit des intérêts qu’il me promettait dans de grandes entreprises. i m voii que je dis tout, et que ma gratitude est franche, autant que —, ■— procédés furent généreux. Eh ! pourquoi le cacherais-je ? il fallait bien que cela lia ainsi ! Aurais-je accepté, sans cet espoir,