et qui m’ont offert des encouragements de toute nature dans le cours de l’absurde, atroce et ridicule procès connu sous le nom de Goëzman et compagnie, que, si je n’ai pas répondu à toutes leurs offres généreuses, c’est qu’étant entouré de piéges, et recevant quelquefois jusqu’à cent lettres par jour, quand je ne me serais point fait alors une loi de ne pas repondre, il m’eût été absolument impossible de le faire, parce que tout mon temps était dévoré par cet horrible procès. J’espère que le noble intérêt, la générosité, la justice ou la compassion des honnêtes gens qui m’ont fait passer tous ces avis se soutiendront jusqu’à la fin : ils ne souffriront pas, lorsqu’il en sera temps, que ma cause soit privée de l’immense avantage qu’elle doit tirer de tant de témoignages respectables.
Alors, monsieur le comte, alors je prouverai l’origine, l’espèce et la durée de ma liaison avec M. Duverney ; envers quelles personnes augustes il s’était engagé d’augmenter ma fortune, et ce qu’il a tenté pour y parvenir.
Je prouverai comment il m’a procuré divers intérêts échangés en argent, dont il m’a placé les fonds sur lui-même à dix pour cent, en attendant qu’il pût les placer à trente dans les vivres de Flandre ;
Comment, ayant fait part à mes augustes protectrices de cet arrangement généreux qui me constituait six mille livres de rente, il en a reçu les remercîments de ces mêmes protectrices ;
Comment ensuite il a voulu suppléer en ma faveur à la diminution de son crédit par des services personnels ;
Comment il m’a prêté, pour acquérir une charge, cinq cent mille livres qui lui sont rentrés au bout de six mois ; comment depuis il m’en a prêté cinquante-six mille, au moyen desquels et d’un petit supplément je suis devenu noble de race, ou plutôt de souche, comme je crois l’avoir prouvé ailleurs ;
Comment, m’ayant reconnu de la discrétion, un peu d’acquis, beaucoup de reconnaissance, et quelque élévation dans le caractère, il me fit entrer dans sa plus intime confiance, et m’employa dans des affaires personnelles et majeures, où beaucoup de ses fonds me passèrent par les mains, pour son service, et où j’eus le bonheur de lui être infiniment utile ;
Comment alors il m’a prêté, sur de simples reçus, quarante-quatre mille livres pour m’aider dans une acquisition, et plusieurs autres fois de l’argent sur mes reçus, sur les reçus d’un tiers, el même —ans reçu ; ce qui a formé son actif sur moi de cent trente-neuf mille livres ; Comment, à mon départ pour l’Espagne, sa ten- u’ayanl point de bornes, il m’a confié deux cent mille francs en ses billets au porteur, pour augmenter ma consistance par un crédit de cette étendue sur lui ;
Comment, à mon retour, ayant vendu soixante-dix mille livres une charge dans la maison du roi, j’ai payé pour lui, dans ses affaires personnelles, plusieurs sommes dont j’avais ses quittances à l’instant où nous avons compté ;
Comment il m’a engagé dans une acquisition de forêt, et s’y est associe avec moi pour me faire plaisir, quoique je ne m’entendisse alors pas plus en bois que je ne m’entendais en procès avant mon commerce timbré avec le comte de laBlache ; Comment, du reste de l’argent de ma charge vendue, et de quelques autres fonds à moi, j’ai fourni ceux qu’il s’était obligé de faire pour nous deux dans notre entreprise commune ; Comment, des deux cent mille livres de billets que j’avais à lui, quarante mille livres ont été employées pour ses affaires personnelles et secrètes ;
Comment et par qui notre liaison, sur la fin, a été troublée ; quel était l’homme qui craignait, depuis longtemps, que mon influence sur ce respectable ami ne lui lit taire nu partage un peu moins inégal entre plusieurs de ses parents, excellents sujets qui pouvaient mourir de faim après sa ie, et son légataire universel qui pouvait mourir d’impatience avant sa mort ;
Comment ce vieillard vénérable était alors tourmenté à mon sujet et moi au sien, par des lettres anonymes infâmes dont il reste encore des traces non équivoques ;
Comment, sans manquer à la religion du secret, je puis montrer tel vestige d’une correspondance mystérieuse, importante et chiffrée, entre lui et moi, qui prouvera que de puissants intérêts formaient le principe et la base de nos liaisons secrètes ;
Comment le légataire écartait du bienfaiteur celui qu’il soupçonnait vouloir du bien à certains parents du bienfaiteur ;
Comment et par qui le sieur Dupont, qui d’emploi, fii emplois était devenu son premier secrétaire, qui avait mérité d’être son ami, et est aujourd’hui son successeur dans l’intendance de l’École militaire, a ele lui-même éloigne de ce vieillard sur la fin de sa vie, parce que, le sachant nommé son exécuteur testamentaire, on avait le projet do faire faire au vieillard un autre testament, et d’obtenir un autre exécuteur. Puis je dirai comment, ayant l’ait moi-même un mariage avantageux vers ces temps-là ; comment, ayant un fils pour qui je devais tenir mes affaires en règle, je rappelai plusieurs fois à M. Duverney qu’il restait un compte important à finir entre — doux, où la distraction des fonds à lui qui m’avaient passé par les mains pour ses affaires, d’avec ceux qu’il m’avait prêtés pour les miennes, devait être l’aile avant tout ; où les divers reçus, billets, quittance-, reconnaissances, etc., devaient être réciproquement remis ; où le résultat de dix