Page:Beaumarchais - Œuvres complètes, Laplace, 1876.djvu/432

Cette page n’a pas encore été corrigée

MÉMOIRES.

d’être aussi véritablement qu


Une l’honneur

jamais.

Monsieur,

Votre très-humble et très-obéissant serviteur, Signé : Clavijo.

Madrid, 17 juin 1774.

/’. S. On vient de me dire que mademoiselle Caron doit se marier 1 ; je De puis pas le croire. D’ailleurs, voudrait-on donner à Madrid une nouvelle scène à nos dépens, et m’obliger à m’opposer à ce mariage pour authentiquer la droiture de mes intentions ? > T on, cela ne peut pas être 8 .

À M. de Beaumarchais, etc., etc. Je fus en effet demander grâce à M. le marquis de Grimaldi pour ce misérable homme ; mais ce ministre mit à ses refus une indignation si obligeante pour moi, que je n’osai pas insister. J’écrivis le même jour à plusieurs protecteurs de Clavi J°i I ries prier de joindre leurs instances aux miennes. « M. le marquis de Grimaldi n’a pas « von !,, m’entendre, leur disais-je ; il est révolté ’ de l’indignité du sujet. .Mais un homme malheureux par sa faute l’est doublement ; et d’après cette terrible vérité, Clavijo doit être bien près du désespoir. Voir mon ennemi même dans cet affreux état trouble la pureté de ma foi « l’heureux dénouement d

. lue etc. -

Rien ne put fléchir l’équitable et rigoureux ministre.

La suite de mon voyage d’Espagne est étrangère à ma justification. Quant à l’infamie qu’on m’impute, d'avoir frauduleusement gagné cent mille francs en une nuit chez l’ambassadeur de Russie ; et pour laquelle le sieur Marin fait dire à son écrivain ’I'"’ j’ai été chassé de partout, et /’.ère de fuir d'Espagne avec déshonneur, je me contenterai de répondre que ce même ambassadeur de Russie ; milord Rocheford, alors ambassadeur d’Angleterre en Espagne ; M. le comte de Creitz, actuellement ambassadeur de Suède en France ; MM. les duc et comte de Crillon, et beaucoup d’autres personnes avec lesquelles je jouais tous les jours, et ipu m’honoraient d’une bienveillance particulière à Madrid, me l’ont conservée en France ; j’ajouterai même que, dans le séjour que ces divers ambassadeurs ont fait depuis à Paris, ils m’ont tous fait l’honneur de manger chez moi, et d'agréer les témoignages de ma reconnaissance. Enfin, après un an passé en Espagne à suivre les plus importantes affaires, lorsque les miennes me rappelèrent en France, et qu’après avoir pris verbalement de M le marquis de Grimaldi, j'eus l’honneur de lui demander par écrit ses derimporlc ?


2. y u ’ e l| e M marie ou non, vous n’.ivez plus rien ii y voir. Votre Fei i i ci i i dm ; llu j c uuruc , ; i coin ma vengeance. ans

s mon aventure avec

niers ordres, voici la lettre qu’il m’écrivit du Pardo, où était la cour, la veille de mon départ : COPIE DE LA LETTRE DE M. LE MARQUIS DE GRIMALDI, DONT j’Ai L’ORIGINAL.

Au Pardo, le 14 mars 1771.

« Monsieur,

« Quelle que soit la réussite des propositions que vous m’avez faites pour l’établissement d’une compagnie de la Louisiane, elles font inuniment d’honneur à vos talents, et ne sauraient qu’affermir la bonne opinion que j’en ai conçue. J’ai été, monsieur, fort aise de vous connaître, et je le suis de pouvoir rendre ce témoignage à votre capacité. Si vos projets eussent été compatibles avec la constitution de l’Amérique espagnol,., je pense que leur succès vous en eût encore mieux convaincu ; mais on a dû céder à des difficultés insurmontables qui s’opposaient à leur exécution. Je serai charmé de pouvoir vous rendre service en toute occasion : en attendant, j'ai le plaisir de vous souhaiter un bon voyage, et de vous prier de me croire très-parfaitement, monsieur, votre très-humble et très-obéissant serviteur.

Signé : le marquis de Grimaldi. »

Et plus bas est écrit : À M. de Beaumarchais. J’en ai trop dit pour moi, et je crois en avoir dit assez pour mes lecteurs. Encore un mot, et je me tais. On assure que MM. Goëzman, Marin, Bertrand, Baculard, et autres personnes respectables, ont chacun un beau mémoire tout prêt contre moi, qu’ils réservent pour la veille du jugement de ce procès. S'ils en usent ainsi pour que je n’aie pas le temps d’y répliquer, cela n’est pas de bonne guerre, et j’agis plus franchement avec eux. Mais sur quelque point de ma vie, sous quelque forme, en quelque temps que ces messieurs fassent l’honneur de me dénigrer ensemble ou séparément, j’ai celui de les prévenir que je réserve à chacun d’eux un grand cornet bien plein de bonne encre indélébile, et que la génération présente ne passera point avant qu’il soit épuisé à leur service.

En attendant, je vais, pour me reposer, écrire un extrait fidèle de mes confrontations avec M. Goëzman, et l’opposer à l’infidèle extrait que ce magistrat présente dans la ridicule plainte qu’il vient de faire au parlement contre moi. On sent bien que tout cela n’est qu’un jeu pour reculer le jugement du procès que mes nobles adversaires voudraient éterniser. Mais ne craignent-ils pas que la nation ne les rende enfin comptables du temps précieux qu’ils dérobent à la cour ? Le service public soutire du retard que cette odieuse affaire apporte à toutes les autres. Et moi, qui perds ici mes forces à leur répondre, j’oublie que