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tarare, avec douleur.

Ah ! malheureux !

atar se relève dans les angoisses.

La mort est moins dure à mes yeux…
Que de régner par toi… sur ce peuple odieux.

(Il tombe mort dans les bras des eunuques, qui l’emportent. Urson les suit.)

SCÈNE VII LES ACTEURS PRÉCÉDENTS, excepté ATAR et URSON.

CALPIGI crie au peuple :

Tous les torts de son règne, un seul mot les répare :
Il laisse le trône à Tarare.

TARARE, vivement.

Et moi, je ne l’accepte pas.

CHŒUR GÉNÉRAL, exalté.

Tous les torts de son règne, un seul mot les répare :
Il laisse le trône à Tarare.

tarare, avec dignité.

Le trône est pour moi sans appas :
Je ne suis point né votre maître.
Vouloir être ce qu’on n’est pas,
C’est renoncer à tout ce qu’on peut être.
Je vous servirai de mon bras :
Mais laissez-moi finir en paix ma vie
Dans la retraite, avec mon Astasie.

(Il lui tend les bras, elle s’y jette.)

SCÈNE VIII LES ACTEURS précédents, URSON tenant dans sa main la couronne d’Atar.

urson prend la chaîne de Tarare.

Non, par mes mains le peuple entier
Te fait son noble prisonnier :
Il veut que de l’État tu saisisses les rênes.
Si tu rejetais notre foi,
Nous abuserions de tes chaînes
Pour te couronner malgré toi.

(Au grand-prêtre.)

Pontife, à ce grand homme Atar lègue l’Asie ;
Consacrez le seul bien qu’il ait fait de sa vie :
Prenez le diadème, et réparez l’affront
Que le bandeau des rois a reçu de son front.

ARTHENÉE, prenant le diadème des mains d’Urson. Tarare, il faut céder.

TOUT LE PEUPLE s’écrie. Tarare, il faut céder.

ARTHENÉE. Leurs désirs sont extrêmes.

TOUT LE PEUPLE. Nos désirs sont extrêmes.

ARTHENÉE. Sois donc le roi d’Ormus !

TOUT LE PEUPLE. Sois, sois le roi d’Ormus ! (Arthenée lui met la couronne sur la tête, au bruit d’une fanfare.)

ARTHENÉE, à part.

Il est des dieux suprêmes.

(Il sort.)

SCÈNE IX TOUS LES PRÉCÉDENTS, excepté le grand-prêtre.

(Calpini et Urson se jettent à genoux, et ôtent dans cette posture les chaînes de Tarare.)

TARARE, pendant qu’on le déchaîne. Enfants, vous m’y forcez, je garderai ces fers : Ils seront à jamais ma royale ceinture, De tous mes ornements devenus les plus chers, Puissent-ils attester à la race future Que du grand nom de roi si j’acceptai l’éclat, Ce fut pour m’enchaîner au bonheur de l’État ! (Il s’enveloppe le corps de ses chaînes.)

CHŒUR GÉNÉRAL, avec ivresse. Quel plaisir de nos cœurs s’empare ! Vive notre grand roi Tarare ! Tarare, Tarare, Tarare ! La belle Astasie et Tarare ! Nous avons le meilleur des rois : Jurons de mourir sous ses lois.

URSON. Les fiers Européens marchent vers ces États ; Inaugurons Tarare, et courons aux combats. (Les soldats et le peuple placent Tarare et Astasie sous le dais où Atar était assis pendant la prière publique. On danse militairement devant eux. Puis Urson et Calpigi, entourés du peuple, chantent ce duo :) URSON ET CALPIGI. Roi, nous niellons la liberté Aux pieds de ta vertu suprême. Règne sur ce peuple qui t’aime, Par les lois et par l’équité. DEUX FEMMES, en duo. Et vous, reine, épouse sensible, Qui connûtes l’adversité, Hu devoir souvent inflexible Adoucissez l’austérité. Tenez son grand cœur accessible Aux soupirs de l’humanité. CHŒUR GÉNÉRAL. Roi, nous mettons la liberté Aux pieds de ta vertu suprême ; Règne sur ce peuple qui t’aime, Par les lois i’l par l’équité. (Danse des premiers sujets dans tous les genres. Au milieu de la fêle, un coup de tonnerre sefait entendre, le théâtre se couvre de nuages ; on voit paraître au ciel, sur le char du Soleil, la Nature et le Génie du l’eu.)