Scène XIV
Monseigneur, messieurs.
En robe ici, seigneur Brid’oison ! Ce n’est qu’une affaire domestique : l’habit de ville était trop bon.
C’è-est vous qui l’êtes, monsieur le comte. Mais je ne vais jamais san-ans elle, parce que la forme, voyez-vous, la forme ! Tel rit d’un juge en habit court, qui-i tremble au seul aspect d’un procureur en robe. La forme, la-a forme !
Faites entrer l’audience.
L’audience !
Scène XV
Double-Main, a-appelez les causes.
« Noble, très-noble, infiniment noble, Don Pedro George, hidalgo, baron de los Altos, y Montes Fieros, y otros montes ; contre Alonzo Calderon, jeune auteur dramatique. » Il est question d’une comédie mort-née, que chacun désavoue et rejette sur l’autre. »
Ils ont raison tous deux. Hors de cour. S’ils font ensemble un autre ouvrage, pour qu’il marque un peu dans le grand monde, ordonné que le noble y mettra son nom, le poëte son talent.
« André Petrutchio, laboureur ; contre le receveur de la province. » Il s’agit d’un forcement arbitraire.
L’affaire n’est pas de mon ressort. Je servirai mieux mes vassaux en les protégeant près du Roi. Passez.
« Barbe-Agar-Raab-Madeleine-Nicole-Marceline de Verte-Allure, fille majeure (Marceline se lève et salue) ; contre Figaro… » Nom de baptême en blanc.
Anonyme.
A-anonyme ! Què-el patron est-ce là ?
C’est le mien.
Contre anonyme Figaro. Qualités ?
Gentilhomme.
Vous êtes gentilhomme ?
Si le ciel l’eût voulu, je serais fils d’un prince.
Allez.
Silence, messieurs !
« … Pour cause d’opposition faite au mariage dudit Figaro, par ladite de Verte-Allure. Le docteur Bartholo plaidant pour la demanderesse, et ledit Figaro pour lui-même, si la cour le permet, contre le vœu de l’usage et la jurisprudence du siége. »
L’usage, maître Double-Main, est souvent un abus. Le client un peu instruit sait toujours mieux sa cause que certains avocats, qui, suant à froid, criant à tue-tête, et connaissant tout, hors le fait, s’embarrassent aussi peu de ruiner le plaideur que d’ennuyer l’auditoire et d’endormir messieurs ; plus boursouflés après, que s’ils eussent composé l’Oratio pro Murena. Moi, je dirai le fait en peu de mots. Messieurs…
En voilà beaucoup d’inutiles, car vous n’êtes pas demandeur, et n’avez que la défense. Avancez, docteur, et lisez la promesse.
Oui, promesse !
Elle est précise.
I-il faut la voir.
Silence donc, messieurs !
Silence !
« Je soussigné reconnais avoir reçu de damoiselle, etc… Marceline de Verte-Allure, dans le château d’Aguas-Frescas, la somme de deux mille piastres fortes cordonnées ; laquelle somme je lui rendrai à sa réquisition, dans ce château : et je l’épouserai, par forme de reconnaissance, etc. » Signé :