essayait des hardes que je lui donne en la mariant ; elle s’est enfuie, quand elle vous a entendu.
Si elle craint tant de se montrer, au moins elle peut parler. (Il se tourne vers la porte du cabinet.) Répondez-moi, Suzanne ; êtes-vous dans ce cabinet ?
Suzon, je vous défends de répondre. (Au Comte.) On n’a jamais poussé si loin la tyrannie !
Oh ! bien, puisqu’elle ne parle pas, vêtue ou non, je la verrai.
Partout ailleurs je ne puis l’empêcher ; mais j’espère aussi que chez moi…
Et moi j’espère savoir dans un moment quelle est cette Suzanne mystérieuse. Vous demander la clef serait, je le vois, inutile ; mais il est un moyen sûr de jeter en dedans cette légère porte. Holà, quelqu’un !
Attirer vos gens, et faire un scandale public d’un soupçon qui nous rendrait la fable du château ?
Fort bien, madame. En effet, j’y suffirai ; je vais à l’instant prendre chez moi ce qu’il faut… (Il marche pour sortir, et revient.) Mais, pour que tout reste au même état, voudrez-vous bien m’accompagner sans scandale et sans bruit, puisqu’il vous déplaît tant ?… Une chose aussi simple, apparemment, ne me sera pas refusée !
Eh ! monsieur, qui songe à vous contrarier ?
Ah ! j’oubliais la porte qui va chez vos femmes ; il faut que je la ferme aussi, pour que vous soyez pleinement justifiée.
Ô ciel ! étourderie funeste !
Maintenant que cette chambre est close, acceptez mon bras, je vous prie ; (il élève la voix) et quant à la Suzanne du cabinet, il faudra qu’elle ait la bonté de m’attendre ; et le moindre mal qui puisse lui arriver à mon retour…
En vérité, monsieur, voilà bien la plus odieuse aventure…
Scène XIV
Ouvrez, Chérubin, ouvrez vite, c’est Suzanne ; ouvrez, et sortez.
Ah ! Suzon, quelle horrible scène !
Sortez, vous n’avez pas une minute !
Et par où sortir ?
Je n’en sais rien, mais sortez.
S’il n’y a pas d’issue ?
Après la rencontre de tantôt, il vous écraserait, et nous serions perdues. — Courez conter à Figaro…
La fenêtre du jardin n’est peut-être pas bien haute.
Un grand étage ! impossible ! Ah ! ma pauvre maîtresse ! Et mon mariage ? ô ciel !
Elle donne sur la melonnière : quitte à gâter une couche ou deux.
Il va se tuer !
Dans un gouffre allumé, Suzon ! oui, je m’y jetterais plutôt que de lui nuire… Et ce baiser va me porter bonheur.
Scène XV
Ah !… (Elle tombe assise un moment. Elle va péniblement regarder à la fenêtre et revient.) Il est déjà bien loin. Ô le petit garnement ! aussi leste que joli ! Si celui-là manque de femmes… Prenons sa place au plus tôt. (En entrant dans le cabinet.) Vous pouvez à présent, monsieur le comte, rompre la cloison, si cela vous amuse ; au diantre qui répond un mot !
Scène XVI
Tout est bien comme je l’ai laissé. Madame, en