J’y monterai dans un moment.
Puisque la paix est faite, mignonne, donne-moi ta main. Si tu pouvais m’aimer, ah ! comme tu serais heureuse.
Si vous pouviez me plaire, ah ! comme je vous aimerais.
Je te plairai, je te plairai ; quand je te dis que je te plairai !
Scène XVI
Ah ! Lindor ! Il dit qu’il me plaira !… Lisons cette lettre, qui a manqué de me causer tant de chagrin. (Elle lit et s’écrie.) Ha !… j’ai lu trop tard ; il me recommande de tenir une querelle ouverte avec mon tuteur ; j’en avais une si bonne ! et je l’ai laissée échapper. En recevant la lettre, j’ai senti que je rougissais jusqu’aux yeux. Ah ! mon tuteur a raison : je suis bien loin d’avoir cet usage du monde qui, me dit-il souvent, assure le maintien des femmes en toute occasion ! Mais un homme injuste parviendrait à faire une rusée de l’innocence même.
ACTE TROISIÈME
Scène I
Quelle humeur ! quelle humeur ! Elle paraissait apaisée… Là, qu’on me dise qui diable lui a fourré dans la tête de ne plus vouloir prendre leçon de don Basile ? Elle sait qu’il se mêle de mon mariage… (On heurte à la porte.) Faites tout au monde pour plaire aux femmes ; si vous omettez un seul petit point… je dis un seul… (On heurte une seconde fois.) Voyons qui c’est.
Scène II
Que la paix et la joie habitent toujours céans !
Jamais souhait ne vint plus à propos. Que voulez-vous ?
Monsieur, je suis Alonzo, bachelier, licencié…
Je n’ai pas besoin de précepteur.
… Élève de don Basile, organiste du grand couvent, qui a l’honneur de montrer la musique à madame votre…
Basile ! organiste ! qui a l’honneur !… je le sais ! au fait.
(À part.) Quel homme ! (Haut.) Un mal subit qui le force à garder le lit…
Garder le lit ! Basile ! Il a bien fait d’envoyer : je vais le voir à l’instant.
(À part.) Oh ! diable ! (Haut.) Quand je dis le lit, monsieur, c’est… la chambre que j’entends.
Ne fût-il qu’incommodé ! Marchez devant, je vous suis.
Monsieur, j’étais chargé… Personne ne peut-il nous entendre ?
(À part.) C’est quelque fripon. (Haut.) Eh ! non, monsieur le mystérieux ! parlez sans vous troubler, si vous pouvez.
(À part.) Maudit vieillard ! (Haut.) Don Basile m’avait chargé de vous apprendre…
Parlez haut, je suis sourd d’une oreille.
Ah ! volontiers… que le comte Almaviva, qui restait à la grande place…
Parlez bas, parlez bas !
… En est délogé ce matin. Comme c’est par moi qu’il a su que le comte Almaviva…
Bas : parlez bas, je vous prie.
… Était en cette ville, et que j’ai découvert que la signora Rosine lui a écrit…
Lui a écrit ? Mon cher ami, parlez plus bas, je vous en conjure ! Tenez, asseyons-nous, et jasons d’amitié. Vous avez découvert, dites-vous, que Rosine…
Assurément. Basile, inquiet pour vous de cette correspondance, m’avait prié de vous montrer sa lettre ; mais la manière dont vous prenez les choses…
Eh ! mon Dieu ! je les prends bien. Mais ne vous est-il donc pas possible de parler plus bas ?
Vous êtes sourd d’une oreille, avez-vous dit.