Réponds à monsieur.
Ces papiers…
Oui… (À Dabins.) N’as-tu pas reçu, ce matin six cent mille francs échangés contre une partie de mes effets ?
Monsieur…
Les avez-vous reçus, oui, ou non ?
Il faut répondre.
Où donc est le mystère ? Il a été comme un fou toute la journée. Les avez-vous reçus ?
Monsieur… on peut voir ma caisse ; elle est au comble.
J’en étais bien sûr. Ainsi j’ajoute aux sommes que je vous remets pour monsieur de Mélac…
Vous acquittez monsieur de Mélac ?
Que va-t-il dire ?
Dans quelle erreur étais-je !
Parlez.
Je vois clairement qu’il n’est point venu de fonds de Paris.
Mes effets n’ont pas été vendus ?
Non, monsieur, ils n’ont pu l’être ; c’est la nouvelle que j’ai reçue ce matin.
Avec quoi donc payes-tu ?
Avec six cent mille francs que m’a prêtés monsieur de Mélac.
Juste ciel !
Mon père !
Ah ! quel homme !
Cinq cent mille francs de sa caisse, cent mille à lui ; je ne puis me taire plus longtemps.
Que j’en suis glorieuse ! mon âme a deviné la sienne…
Scène X
Ô le plus généreux !…
Que faites-vous, Pauline ?
Je dois les embrasser aussi.
Mes amis !
Scène XI
Aux pieds de mon père !
Dabins, vous m’avez trahi !
Pouvais-je garder votre secret, en apprenant que monsieur acquittait votre dette ?
Il vient à mon secours ? (À part.) Ô vertu ! voilà ta récompense. À Aurelly.) Ami, quelles sont donc tes ressources ?
Tout le bien de mademoiselle en dépôt dans ses mains.
De notre Pauline ? Ah ! mon cher Aurelly !
Tu te perdais pour moi !
Mais, toi…
Peux-tu comparer de l’argent, lorsqu’il t’en coûtait l’état et l’honneur ?
Je m’acquittais envers mon bienfaiteur malheureux ; mais toi, dans tes soupçons sur ma probité, devais-tu quelque chose à ton coupable ami ?
Ah ! mon père !
Eh bien, monsieur Aurelly ! puis-je accepter en payement le mandat que vous m’offrez ?
Quel mandat ?
Vous serez satisfait, monsieur : mon premier sentiment lui était bien dû ; le second me rend tout entier à mon malheur.
Voilà ce que j’ai craint !