Qu’il vienne !
Il est important que je lui parle.
Il sera ici dans un moment. Mon enfant, je connais tes principes, dispose de toi-même à ton gré : je ne puis mettre en de plus sûres mains des intérêts si chers à mon cœur.
Scène XII
Mademoiselle…
Vous voyez bien que le danger de votre père est pressant : quel intérêt oserait se montrer auprès de celui-là ?
Ah ! mon père, mon père !… (En hésitant.) Ainsi vous rappelez Saint-Alban ?
Il est indispensable que je le voie ; consentez-y, Mélac, il le faut… Il faut me rendre ma parole.
Non, vous pouvez me trahir ; mais il ne me sera pas reproché d’y avoir contribué par un lâche consentement.
Te le demanderais-je, ingrat, si j’avais dessein d’en abuser ? — Qui vous dit que je veuille l’épouser ?
Serez-vous la maîtresse de vos refus ?
Vous n’êtes pas généreux d’accabler ainsi mon âme. Ah ! j’avais des forces contre ma douleur, je n’en ai plus contre la vôtre.
Pauline !
Pense à ton père, à ton père respectable, et tu rougiras d’attendre de moi l’exemple du courage que tu devais me donner.
Je sens que je ne puis vivre sans votre estime, il me faut la mienne. Il faut sauver mon père… aux dépens de mes jours… Ah ! Pauline !
Ah ! Mélac !
ACTE CINQUIÈME
Scène I
Voici l’instant qui doit décider de notre sort. (Elle lit.) Il attend mes ordres, dit-il… Audacieux qu’ils sont, avec leur soumission insultante !… Pourquoi trembler ? l’aveu que je vais lui faire ne peut que m’honorer. — Ah !… je pleure, et je me soutiens à peine. — Mon état ne se conçoit pas. — S’il me surprenait à pleurer… (Elle s’assied.) Eh bien, qu’il me voie ! Ne suis-je pas assez malheureuse pour qu’on me pardonne un peu de faiblesse ?
Scène II
Monsieur Saint-Alban.
Un moment, André.
Mais, mameselle, monsieur Saint-Alban…
Répétez encore.
Il sort de chez votre oncle : oh ! il a un habit…
C’est en vain. Il m’est impossible… (S’asseyant.) Faites entrer.
Scène III
Je me rends à vos ordres, mademoiselle.
(À part.) À mes ordres !
Ma vue paraît vous causer quelque altération. Et cependant M. Aurelly vient de m’assurer…
Oui… c’est moi qui l’en ai prié. — Asseyez-vous,