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EUGÉNIE, ACTE V, SCÈNE IX.

le baron, à Eugénie.

Rendons-nous, ma fille ; celui qui se repent de bonne foi est plus loin du mal que celui qui ne le connut jamais.

(Eugénie regarde son père, laisse tomber sa main dans celle du comte, et va parler. Le comte lui coupe la parole.)
le comte, par exclamation.

Elle me pardonne !

eugénie, après un soupir.

Va, tu mérites de vaincre ; la grâce est dans mon sein, et le père d’un enfant si désiré ne peut jamais m’être odieux. Ah ! mon frère, ah ! ma tante, la vue du contentement que je fais naître en vous me remplit de joie à mon tour.

(Madame Murer l’embrasse avec joie.)
le comte, transporté.

Eugénie me pardonne, ah ! la mienne est extrême ; cet événement va nous rendre tous aussi heureux que vous êtes dignes de l’être, et que j’ai peu mérité de le devenir.

sir charles, au comte.

Généreux ami, que d’éloges nous vous devons !

le comte.

Je rougirais de moi, si je n’avais aspiré qu’à les obtenir : le bonheur avec Eugénie, la paix avec moi-même, et l’estime des honnêtes gens, voilà le seul but auquel j’ose prétendre.

le baron, avec joie.

Mes enfants, chacun de vous a fait son devoir aujourd’hui : vous en recevez la récompense. N’oubliez donc jamais qu’il n’y a de vrais biens sur la terre que dans l’exercice de la vertu.

le comte, baisant la main d’Eugénie avec enthousiasme.

Ô ma chère Eugénie !…

(Tous se rassemblent autour d’elle, et la toile tombe.)


fin d’eugénie.