SUR BEAUMARCHAIS. xxiij
nos tliéàtres n'en avoient fait la satire que d'une ma- nière fort indirecte et qui n'a voit pas toujours été sans danger pour les auteurs. Une critique , même légère et détournée, proférée journalièrement de- yant un grand nombre d'hommes rassemblés qui re- çoivent tous à la fois la même impression et la ma- nifestent avec une véhémence qu'aucune crainte n'enchaîne, avoit toujours paru au gouvernement plus inquiétante pour son autorité et sa considéra- tion que les plus violentes censures énoncées dans les livres et dans les conversations, att< udu qu'il n'en pouvoit jamais résulter que des impressions isolées ou du moins partielles dont la communica- tion étoit nécessairement plus lente et plus cir- conspecte. Beaumarchais entreprit de vaincre cette sage peur d'un gouvernement qui ne péchoit pas par excès de prudence, et il en vint à bout. Cette réussiie confond d'étonnement , lorsqu'on se rap- pelle les traits audacieux semés dans la comédie de la Folle Journée , et entassés dans ce fameux mono- logue où Figaro va jusqu'à exercer son pyrrho- nisme sur la question de l'immatérialité de l'ame, qui assurément n'avoit que faire là. Le roi de Suéde disoit de la pièce : « Je l'ai trouvée insolente , mais « non pas indécente ». Ce monarque du nord étoit apparemment plus chatouilleux sur l'article de l'au- torité , que délicat sur ceiui des bienséances. Il faut le dire franchement: la pièce est ce qu'elle serabloit
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