qu’un grand intérêt occupe ne recherchent point leurs phrases, ils sont simples comme la nature ; lorsqu’ils se passionnent, ils peuvent devenir forts, énergiques : mais ils n’ont jamais ce qu’on appelle dans le monde de l’esprit. J’écrirai donc le fond du drame le plus simplement qu’il me sera possible. Le seul Clarendon pourra montrer de l’esprit, c’est-à-dire de l’affectation, quand il voudra tromper ; lorsqu’il sera de bonne foi, il n’aura dans la bouche que les choses naturelles et fortes que je trouverois dans mon cœur si j’étois à sa place.
Aux premiers actes, Eugénie sera noble, tendre et modeste dans ses discours ; ensuite touchante dans la douleur, et presque muette dans le désespoir, comme toutes les âmes extrêmement sensibles. L’excès du malheur lui fera-t-il regarder la mort comme un refuge désirable et certain, alors son style, aussi exalté que son ame, sera modèle sur la situation, et un peu plus grand que nature.
Le Baron, homme juste et simple dans ses mœurs, en aura constamment la tournure et le style ; mais aussitôt qu’une forte passion l’animera, il jettera feu et flamme, et de ce brasier sortiront des choses vraies, brûlantes et inattendues.
Le ton de Madame Murer sera le plus constant de tous. Le fond de son caractère étant de ne douter de rien ; la bonté, l’aigreur, la contradiction, la fureur, en un mot, tout ce qu’elle dira portera l’empreinte de l’orgueil, qui est toujours aussi confiant et superbe en paroles qu’imprudent et mal-adroit en actions.
Sir Charles doit être uni, reconnoissant dans sa première scène avec le comte de Clarendon ; furieux, hors de lui, mais sublime s’il se peut, lorsque des ressentiments légitimes l’arracheront à sa tranquillité.
Si l’on me blâme d’avoir écrit ce drame trop sim-