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ÛMAMATIQUE SEKIEl X. 127 lontaire, par lequel nous nous adjptous cet évé- nement, seutiuient qui nous met en la place de telni qui souffre , au milieu de sa .«-iluation. Une comparaisou prise qu hiisard dans la nature, achè- vera de rendre mon idée sen.sible à tout le monde. Pourquoi la relation du tremblement de terre qui engloutit Lima et ses hahituuîs à trois mille lieues de moi , me trouhle-t-elle, lorsque celle du meur- tre juridique de Charles I, commis à Londres, ne fait que m'iudiguer? C'est que -le volcan, ouvert au Pérou pouvoit faire son explosion à Paris , m'ensevelir sous ses ruines , et peut-être m,e me- nace encore; au lieu que je ne puis jamais aj)pré- hender rien d'absolunieut semblable au malheur inouï du roi d'Angleterre : ce sentiment est dans le cœur de tous les hommes ; il sert de base à ce principe certain de l'art, qu'il n'y a moralité, ni intérêt au théâtre, sans un secret rapport du sujet dramatique à nous. Il reste donc pour constant que la tragédie héroïque ne nous touche que par le point où elle se rapproche du genre sérieux, en nous peignant des hommes, et nou des rois; et que les sujets qu'elle met en action étant si loin de nos mœuis, et les [)ersoiinages si étrangers à notre état civil , l'intérêt en est moins pressant que celui d'ua drame sérieux , et la moralité moins directe , plus aride, souvent nulle et perdue pour nous, à moins qu'elle ne serve à nous consoler de notre médio- crité , en nous moiitraut que les grands crimes et les grands malheurs sont l'ordinaire partage d«  ceux qui se mêlent de gouverner le monde.

Après ce qu'on vient de lire , je ne crois pas avoir besoin de prouver qu'il y a plus d'intérêt dans ua drame sérieux que dans une pièce comique. Tout le monde sait que les sujets touchants nous affe' teut davantage que les sujets plaisants à égal d •

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