Page:Beaumarchais - Œuvres choisies, édition 1913, tome 2.djvu/52

Cette page n’a pas encore été corrigée

les journaux et l’autorité nous en feront raison. Siècle barbare !…

ROSINE. Vous injuriez toujours notre pauvre siècle.

BARTHOLO. Pardon de la liberté ! Qu’a-t-il produit pour qu’on le loue ? Sottises de toute espèce : la liberté de penser, l’attraction, l’électricité, le tolérantisme, l’inoculation, le quinquina, l’Encyclopédie, et les drames…

ROSINE. (Le papier lui échappe et tombe dans la rue.) Ah ! ma chanson ! ma chanson est tombée en vous écoutant ; courez, courez donc, monsieur ! ma chanson, elle sera perdue !

BARTHOLO. Que diable aussi, l’on tient ce qu’on tient.

Il quitte le balcon.

ROSINE regarde en dedans et fait signe dans la rue. St, st ! (Le comte paraît.) Ramassez vite et sauvez-vous.

Le comte ne fait qu’un saut, ramasse le papier et rentre.

BARTHOLO sort de la maison et cherche. Où donc est-il ? Je ne vois rien.

ROSINE. Sous le balcon, au pied du mur.

BARTHOLO. Vous me donnez là une jolie commission ! il est donc passé quelqu’un ?

ROSINE. Je n’ai Vu personne.

BARTHOLO, à lui-même. Et moi qui ai la bonté de chercher !…

Bartholo, vous n’êtes qu’un sot, mon ami : ceci doit vous apprendre à ne jamais ouvrir de jalousies sur la rue.

Il rentre.