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 te rendrais sur la brune au jardin ?

SUZANNE.

Est-ce que je ne m’y promène pas tous les soirs ?

LE COMTE.

Tu m’as traité ce matin si durement !

SUZANNE.

Ce matin ? --et le Page derrière le fauteuil ?

LE COMTE.

Elle a raison, je l’oubliais. Mais pourquoi ce refus obstiné, quand
Bazile, de ma part ?…

SUZANNE.

Quelle nécessité qu’un Bazile ?…

LE COMTE.

Elle a toujours raison. Cependant il y a un certain Figaro à qui je
crains bien que vous n’ayez tout dit !

SUZANNE.

Dame ! oui, je lui dis tout, --hors ce qu’il faut lui taire.

LE COMTE en riant.

Ah charmante ! et tu me le promets ? si tu manquais à ta parole,
entendons-nous, mon cœur : point de rendez-vous ; point de dot, point de
mariage.

SUZANNE fesant la révérence.

Mais aussi ; point de mariage, point de droit du seigneur, Monseigneur.

LE COMTE.

Où prend-elle ce qu’elle dit ? d’honneur j’en rafollerai ! mais ta
maîtresse attend le flacon…

SUZANNE riant et rendant le flacon.

Aurais-je pu vous parler sans un prétexte ?

LE COMTE veut l’embrasser.

Délicieuse créature !