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 COMTE souriant.

Et ce Page en désordre, en veste et presque nu….

LA COMTESSE montrant Suzanne.

Vous le voyez devant vous. N’aimez-vous pas mieux l’avoir trouvé que
l’autre ? en général, vous ne haïssez pas de rencontrer celui-ci.

LE COMTE riant plus fort.

Et ces prières, ces larmes feintes….

LA COMTESSE.

Vous me faites rire, et j’en ai peu d’envie.

LE COMTE.

Nous croyons valoir quelque chose en politique, et nous ne sommes que
des enfans. C’est vous, c’est vous, Madame, que le Roi devrait envoyer
en ambassade à Londres ! Il faut que votre sexe ait fait une étude bien
réfléchie de l’art de se composer pour réussir à ce point !

LA COMTESSE.

C’est toujours vous qui nous y forcez.

SUZANNE.

Laissez-nous prisonniers sur parole, et vous verrez si nous sommes gens
d’honneur.

LA COMTESSE.

Brisons là, monsieur le Comte. J’ai peut-être été trop loin ; mais mon
indulgence, en un cas aussi grave, doit au moins m’obtenir la vôtre.

LE COMTE.

Mais vous répéterez que vous me pardonnez.

LA COMTESSE.

Est-ce que je l’ai dit, Suzon ?

SUZANNE.

Je ne l’ai pas entendu, Madame.

LE COMTE.

Hé bien, que ce mot vous échappe.

LA COMTESSE.

Le méritez-vous donc, ingrat ?