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 le saviez ?

LA COMTESSE.

C’est cet étourdi de Figaro…

LE COMTE.

Il en était ?

LA COMTESSE.

…Qui l’a remis à Bazile.

LE COMTE.

Qui m’a dit le tenir d’un paysan. O perfide chanteur ! lame à deux
tranchans ! c’est toi qui paieras pour tous le monde.

LA COMTESSE.

Vous demandez pour vous un pardon que vous refusez aux autres : voilà
bien les hommes ! Ah ! si jamais je consentais à pardonner en faveur de
l’erreur où vous a jeté ce billet, j’exigerais que l’amnistie fût
générale.

LE COMTE.

Hé bien, de tout mon cœur, Comtesse. Mais comment réparer une faute
aussi humiliante ?

LA COMTESSE se lève.

Elle l’était pour tous deux.

LE COMTE.

Ah ! dites pour moi seul.--Mais je suis encore à concevoir comment les
femmes prennent si vite et si juste l’air et le ton des circonstances.
Vous rougissiez, vous pleuriez, votre visage était défait…. D’honneur
il l’est encore.

LA COMTESSE s’efforçant de sourire.

Je rougissais…. du ressentiment de vos soupçons. Mais les hommes
sont-ils assez délicats pour distinguer l’indignation d’une âme honnête
outragée, d’avec la confusion qui naît d’une accusation méritée ?

LE