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LE COMTE ALMAVIVA doit être joué très-noblement, mais avec grâce et
liberté. La corruption du cœur ne doit rien ôter au bon ton de ses
manières. Dans les mœurs de ce temps-là, les grands traitaient en
badinant toute entreprise sur les femmes. Ce rôle est d’autant plus
pénible à bien rendre, que le personnage est toujours sacrifié ; mais
joué par un comédien excellent, (M. Molé) il a fait ressortir tous les
rôles, et assuré le succès de la pièce.

Son vêtement du premier et second actes est un habit de chasse, avec des
bottines à mi-jambe, de l’ancien costume espagnol. Du troisième acte
jusqu’à la fin, un habit superbe de ce costume.

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LA COMTESSE, agitée de deux sentimens contraires, ne doit montrer qu’une
sensibilité réprimée, ou une colère très-modérée ; rien surtout qui
dégrade aux yeux du spectateur son caractère aimable et vertueux. Ce
rôle, un des plus difficiles de la pièce, a fait infiniment d’honneur au
grand talent de mademoiselle Saint-Val, cadette.

Son vêtement du premier, second et quatrième actes, est une lévite
commode, et nul ornement sur la tête ; elle est chez elle et censée
incommodée. Au cinquième acte, elle a l’habillement et la haute coiffure
de Suzanne.

    • *


FIGARO. L’on ne peut trop recommander à l’acteur qui jouera ce rôle de
bien se pénétrer de son esprit, comme l’a fait M. Dazincourt. S’il y
voyait autre chose que de la raison assaisonnée de gaieté et de
saillies, surtout s’il y mettait la moindre charge, il avilirait un rôle
que le premier comique du théâtre, M. Préville, a jugé devoir honorer
le talent de tout comédien qui saurait en