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ROSINE. Non, Monsieur, je sais que la musique n’a nul attrait pour vous.

BARTHOLO. Je t’assure que ce soir elle m’enchantera.

ROSINE, au comte, à part. Je suis au supplice.

LE COMTE, prenant un papier de musique sur le pupitre. Est-ce là ce que vous voulez chanter, Madame ?

ROSINE. Oui, c’est un morceau très agréable de La Précaution inutile.

BARTHOLO. Toujours La Précaution inutile ?

LE COMTE. C’est ce qu’il y a de plus nouveau aujourd’hui. C’est une image du printemps, d’un genre assez vif. Si Madame veut l’essayer…

ROSINE, regardant le comte. Avec un grand plaisir : un tableau du printemps me ravit ; c’est la jeunesse de la nature. Au sortir de l’hiver, il semble que le cœur acquière un plus haut degré de sensibilité : comme un esclave, enfermé depuis longtemps, goûte avec plus de plaisir le charme de la liberté qui vient de lui être offerte.

BARTHOLO, bas, au comte. Toujours des idées romanesques en tête.

LE COMTE, bas. En sentez-vous l’application ?

BARTHOLO. Parbleu !

Il va s’asseoir dans le fauteuil qu’a occupé Rosine.