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dire que tout peut être prêt pour demain. Alors, si elle résiste…

BARTHOLO. Elle résistera.

LE COMTE veut reprendre la lettre, Bartholo la serre. Voilà l’instant où je puis vous servir : nous lui montrerons sa lettre et s’il le faut (plus mystérieusement) j’irai jusqu’à lui dire que je la tiens d’une femme à qui le comte l’a sacrifiée. Vous sentez que le trouble, la honte, le dépit peuvent la porter sur-le-champ…

BARTHOLO, riant. De la calomnie ! Mon cher ami, je vois bien maintenant que vous venez de la part de Bazile ! Mais pour que ceci n’eût pas l’air concerté, ne serait-il pas bon qu’elle vous connût d’avance ?


LE COMTE réprime un grand mouvement de joie. C’est assez l’avis de don Bazile. Mais comment faire ? il est tard… au peu de temps qui reste…

BARTHOLO. Je dirai que Vous Venez en sa place. Ne lui donnerez-vous pas bien une leçon ?

LE COMTE. il n’y a rien que je ne fasse pour Vous plaire. Mais prenez garde que toutes ces histoires de maîtres supposés sont de vieilles finesses, des moyens de comédie. Si elle va se douter… ?

BARTHOLO. Présenté par moi, quelle apparence ? Vous avez plus l’air d’un amant déguisé que d’un ami officieux.

LE COMTE. Oui ? Vous croyez donc que mon air peut aider à la tromperie ?

BARTHOLO. Je le donne au plus fin à deviner. Elle est ce soir