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de sa situation présente, attendait avec résignation l’époque fixée par sa mère pour l’accomplissement de ses vœux les plus chers.

Madame Gélin, quoique bornée dans ses moyens, trouvait, par l’ordre qui régnait dans son ménage, et les privations qu’elle savait s’imposer, la faculté d’être utile aux malheureux. Clémentine, depuis qu’elle vivait auprès d’elle, était la dispensatrice de ses libéralités ; on était alors à cette époque désastreuse où une disette factice désolait la France. Des familles entières, consumées de besoins, suppléaient au pain qui leur manquait, par des alimens malsains qui achevaient de détruire leurs forces et leur santé. Des mères, entourées d’enfans en bas âge, avaient le cœur déchiré des plaintes et des gémissemens que