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de piquet, et lorsqu’elle était fatiguée du jeu, il s’établissait près du métier de Clémentine, et lui lisait nos meilleurs poètes avec tout le goût possible et cet accent enchanteur qui pénètre jusqu’à l’âme. Quelquefois il accompagnait de sa flûte la douce voix de mademoiselle Vernange ; il dessinait tous ses ouvrages, et ses soins empressés suppléaient au silence qu’il s’imposait. Il s’était écoulé plus d’un an depuis la mort du malheureux Lebel ; l’abbé pressait en vain son neveu de s’expliquer ; le respect et une timidité que le véritable amour inspire, suspendaient l’aveu de ses sentimens ; un motif bien délicat le retenait encore : il craignait que sa fortune, qui était considérable, ne parût à Clémentine le fondement de ses espérances. L’âme noble de cette jeune