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LETTRES DE VOYAGE

venus souiller notre histoire nationale dans les malheureuses guerres de religion.

Les environs de la ville sont très mouvementés. De tous côtés, l’œil se repose sur des montagnes arides, soulèvements informes de roches grises, découpées et dentelées à leurs sommets, présentant une tapisserie brune que festonne le bleu pâle du ciel pur du Midi.

Des ruines altières se profilent encore sur les crêtes. Ce sont les derniers vestiges des châteaux-forts, vrais nids d’aigles, habités par des roitelets pillards qui fondaient dans la plaine et rançonnaient sans façon les paisibles caravanes du menu peuple.

Le pays est ici divisé en deux clans bien marqués, les catholiques et les protestants. On vit en assez bonne intelligence, mais les haines sont encore vivaces et il suffit d’une étincelle pour les raviver et leur donner un ton agressif, qui, aux époques troublées, amène parfois l’effusion du sang.

Le curé doyen de St. Hippolyte-du-Fort est un brave homme, très estimé des deux partis, intraitable sur la question de principe, d’une certaine rudesse d’apparence, mais très charitable, désintéressé, d’une sobriété extrême, n’ayant rien à lui, tout pour ses pau-