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LETTRES DE VOYAGE

administrations publiques que chez le plus humble épicier du coin. Il s’en fabrique évidemment sur une vaste échelle et s’il faut en croire la rumeur publique, le gouvernement ferme les yeux sur ce que l’on considère ici comme une peccadille. Tant pis pour celui qui s’y fait prendre, il repasse la fausse pièce à son voisin. On m’a même assuré que la fabrication des pièces fausses était considérée comme une industrie assez respectable et l’on m’a désigné, à Séville, des banquiers bien connus qui passent pour posséder des actions dans certaines sociétés anonymes qui s’occuperaient spécialement de l’alliage des métaux et de la frappe de médailles commémoratives. Je sais que j’ai moi-même reçu de la menue monnaie qui me paraissait bien suspecte, mais que les garçons d’hôtel et de restaurant acceptaient volontiers comme pourboires, avec un sourire obséquieux.

On fume toujours et partout, en Espagne ! On fume en chemin de fer, dans tous les wagons, sans exception ; au théâtre dans tous les entr’actes ; à table, entre chaque mets, qu’il y ait des femmes à la même table, ou qu’il n’y en ait pas, cela ne fait rien à la chose ; et un caballero perdrait son appétit s’il n’allu-