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LETTRES DE VOYAGE

tion ; pourtant, la machine à coudre dont se sert cette dame a excité sa curiosité, et sa sauvagerie a été en partie vaincue ; le roi se rapproche par instants ; il a même fait apporter un jour, un bout de tissu, demandant à ce qu’il fût fait quelques points sous ses yeux.

Le dimanche, la demeure est égayée par la visite de trois jeunes gens annamites, élèves du lycée d’Alger. Nam-Nghi paraît très heureux de ce supplément de société et cause amicalement avec ses visiteurs, jouant avec eux aux dames et aux échecs où il excelle. Ces jeunes gens sont absolument francisés, et je crois que c’est par eux qu’on pourra modifier les sentiments du roi à l’égard de la France ; mais l’œuvre sera longue, tout le fait présager.

C’est le capitaine de Vialar, attaché militaire du gouverneur général qui a été spécialement désigné pour prendre soin de Nam-Nghi ; il s’en acquitte avec une intelligence et une délicatesse de procédés qui semblent peu à peu lui gagner la sympathie du monarque. La reconnaissance paraît au reste être une qualité dominante chez lui, car il revient sans cesse, avec complaisance, sur les bons souvenirs que lui a laissés un officier, qui avait été