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LETTRES DE VOYAGE

d’un interprète qui, pendant le dîner, se tenait debout derrière lui pour faciliter la conversation générale. Sa physionomie est douce, expressive et est éclairée par un regard brillant qui coule à travers ses paupières bridées. Son attitude est passive et il répond à peine aux questions des convives. Le prince s’est d’ailleurs comporté très galamment pendant le dîner, goûtant à quelques plats européens sans marquer aucune répugnance. Il attendait pourtant que ses voisins eussent commencé à manger, avant de se servir ; il se servait alors de la fourchette fort adroitement, paraissant surtout attentif à ne rien faire qui fût contraire aux usages qu’il voyait mettre en pratique. Les bols, servis après le repas, l’ont quelque peu surpris, mais il a attendu prudemment pour voir l’usage auquel ils étaient destinés et, après s’en être rendu compte, il a fait comme tout le monde, se tirant d’affaire très proprement.

Le roi, dans sa vie ordinaire est, m’a-t-on dit, cependant resté fidèle à sa cuisine nationale. Ce genre d’alimentation est tout un poème : le repas lui est emporté en une seule fois, sur un grand plateau de laque ; dans une soucoupe, grande comme la main, se trouve